About us / Contact

The Classical Music Network

Berlin

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Débuts intimidés

Berlin
Philharmonie
09/16/2000 -  
A. Berg : Lulu-Suite, Trois pièces pour Orchestre op.6, Passacaille, Concerto pour violon et orchestre "À la mémoire d'un ange"
Viktoria Mullova (violon)
Deutsches Symphonie-Orchester, Kent Nagano (direction)

À Berlin en cette rentrée 2000/2001, il est bien difficile de ne pas être au courant que le Deutsches Symphonie-Orchester a désormais Kent Nagano pour nouvelle baguette (tenue auparavant par Vladimir Ashkenazy), tant le portrait du photogénique chef américain accompagné du sigle de l'orchestre orne une bonne moitié des abribus de la ville. Le 16 Septembre marquait donc une date très attendue dans la vie musicale berlinoise, puisque l'orchestre et son nouveau directeur musical et artistique y donnait leur concert d'ouverture. Ouverture d'une saison qui s'annonce par ailleurs tout à fait passionnante, le DSO n'entendant pas faillir à sa réputation de sortir des sentiers battus. Le mois d'octobre est ainsi consacré à des portraits de Stockhausen et W. Rihm (dont une création mondiale), ainsi qu'à une très intéressante confrontation Webern-Ockeghem-Mahler. Et d'emblée, Nagano met la barre assez haut avec un premier concert uniquement consacré à Berg, certaines oeuvres au programme étant parmi les plus difficiles d'accès du compositeur (l'Opus 6, la Passacaille inachevée).

Il nous semble cependant que cette nouvelle collaboration entre deux dinosaures, et que l'on présente un peu partout comme un "Love at first sight" (le coup de foudre étant une Damnation de Faust donnée en ces mêmes lieux en 1997, et très appréciée), n'a pas encore vraiment commencé. La faute à Berg peut-être, compositeur évidemment très élégant, mais aussi le plus lyrique du Dodécaphonisme et le plus proche d'une certaine tradition romantique (on sait l'admiration qu'il portait à Brahms par exemple). Et Nagano, qui n'est pas vraiment un spécialiste du grand répertoire allemand (c'est d'ailleurs ce qui fait toute son originalité chez les grands chefs d'aujourd'hui), donne de cette musique une interprétation peut-être un peu trop détachée. Tout est très beau dans le détail des timbres (aux vents et aux percussions en particulier, avec une flûte solo extraordinaire), mais bizzarement l'orchestre ne chatoie pas assez. Les phrasés, que l'on devine longuement étudiés, sont précis, mais la prise de risque est trop minimale. Certains passages manquent de souffle, devenant même un peu ennuyeux (la mort de Lulu, par exemple, nous a paru assez peu inspirée). Il semble surtout que tous ces grands musiciens ne se soient pas suffisamment "lâchés" pour cette première, peut-être aussi sous le coup d'une intimidation réciproque. C'est assez flagrant dans le concerto pour violon, où chef, soliste et orchestre donnent l'impression de rivaliser de politesse, mais pas toujours de vraiment jouer ensemble. Et au final on ne sait plus si l'on a assisté à une simple pièce de l'École de Vienne, ou bien à ce chant de la mort d'un ange (la fille d'Alma Malher et de Walter Gropius), qui est tout aussi bien celui de la mort d'Alban Berg lui-même.

Nous ne voudrions cependant pas faire la fine bouche devant ce soliste, cet orchestre et ce chef luxueux, et dont les qualités respectives ne sont plus à démontrer. Et nous gageons bien sûr que cette première un peu décevante témoigne d'un simple retard à l'allumage. On dit souvent que les mariages pluvieux font les mariages heureux...


Thomas Simon

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com