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Hommage à l’Ukraine Berlin
Philharmonie
02/23/2023 - et 24*, 25 février 2023
Boris Blacher : Variations orchestrales sur un thème de N. Paganini, opus 26
Samuel Barber : Concerto pour violon, opus 14
Henri Dutilleux : Symphonie n° 2 « Le Double »
Joshua Bell (violon)
Berliner Philharmoniker, Alan Gilbert (direction)
A. Gilbert (© Marco Borggreve)
Les pavoisements ukrainiens sont beaucoup plus nombreux à Berlin qu’à Paris et le jour anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, nombreuses étaient les manifestations du soutien aux populations éprouvées par la guerre, notamment autour du char russe récupéré par les Ukrainiens et pointé directement sur l’ambassade russe située sur la grande voie Unter den Linden. A la Philharmonie, le concert, intégré au programme de la Biennale 2023, était de son côté aussi dédié au pays meurtri. Un Adagio pour cordes du violoniste et compositeur ukrainien Alexandre Gonoboline (né en 1953) inaugurait même le concert, en présence du l’auteur, avant une minute de silence. La pièce n’était pas prévue au programme mais constituait une introduction parfaitement adaptée car son esprit n’était guère éloigné du (trop) célèbre Adagio de Samuel Barber (1910‑1981), compositeur à l’affiche. Pas plus intéressante, et affectée de surcroît par des départs pas toujours à l’unisson, elle avait cependant le mérite d’être courte.
Les Variations orchestrales sur un thème de N. Paganini, seule pièce de leur auteur, Boris Blacher (1903‑1975) régulièrement proposée au concert, bénéficièrent de la qualité des différents pupitres de l’orchestre, notamment des cordes, au son plein, charnu, et de la clarinette solo bien mise en valeur dans ce quasi‑concerto pour orchestre. Si les passages jazzy furent réussis, on aurait aimé cependant plus de légèreté et surtout de fluidité mais le brio était incontestablement là dans ces pages si entraînantes et colorées.
Suivait le Concerto pour violon (1940) de Samuel Barber, empreint de naïveté, désordonné et passablement insipide. Rien n’imprime dans ce concerto encore plus rarement proposé que celui pour piano et sonAndante semble couler comme de l’eau tiède. Le Presto final, durant lequel le violon de Joshua Bell, artiste américain né en 1967, ne s’arrête quasiment pas, surnage à peine. Mais le public apprécie, au point d’applaudir entre deux mouvements. En bis, le violoniste propose, après avoir indiqué qu’il était ravi d’avoir interprété des pages d’un compositeur américain, une autre pièce américaine. Ce sera un Prélude pour violon et piano de George Gershwin, dont la famille était d’origine ukrainienne comme le rappela Joshua Bell. Toujours très mobile sur la scène, il en donne une lecture idéalement chaloupée avant de se plier dans le hall, lors de la pause, à une séance de dédicaces, sans abandonner naturellement son stradivarius.
La seconde partie du concert était autrement plus intéressante et il est bien regrettable qu’un nombre incroyable de sièges se soient vidés à l’occasion de la pause. Il s’agissait en effet de la Seconde Symphonie « Le Double » (1959) d’Henri Dutilleux (1916‑2013) pour grand orchestre et ensemble de chambre. Ce dernier entoure le chef américain Alan Gilbert sans être séparé pour autant du reste. Malgré un tout du coup physiquement assez compact, la clarté domine grâce à une direction méticuleuse et l’excellence des différents pupitres, la clarinette et les percussions du l’ensemble de chambre étant particulièrement mises en valeur, une grande part du mystère provenant du clavecin placé au centre des musiciens. Les deux blocs, assez peu distincts, se répondent, se superposent et se croisent avec élégance tandis que le dernier mouvement, Allegro fuocoso, doté d’une superbe luxuriance finit par échouer comme sur une plage, dans un final étale faisant penser à l’orchestration de certains passages du Sacre du printemps.
Le site d’Alan Gilbert
Le site de Joshua Bell
Stéphane Guy
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