About us / Contact

The Classical Music Network

Berlin

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Solemnis plus que jamais

Berlin
Philharmonie
12/14/2017 -  et 15, 16* décembre 2017
Ludwig van Beethoven : Missa solemnis en ré majeur, opus 123
L’uba Orgonásová (soprano), Elisabeth Kulman (mezzo-soprano), Daniel Behle (ténor), Franz-Josef Selig (basse)
Rundfunkchor Berlin, Philipp Ahmann (chef de chœur), Daniel Stabrawa (violon solo), Berliner Philharmoniker, Christian Thielemann (direction)


C. Thielemann


Près de quatre-vingts chanteurs, presqu’autant de musiciens, quatre solistes: il faut bien cela pour interpréter la grandiose Missa solemnis (1820-1824) de Beethoven dans le cadre tout aussi souverain de la Philharmonie de Berlin. Et c’est bien cette souveraineté qui servira de fil conducteur à une interprétation d’une grande hauteur de vue mais qui ne sombre jamais dans le grandiloquent ou la démonstration.


Bien au contraire même: Christian Thielemann, qui a gravé une très belle version de cette même œuvre en février 2010 avec son orchestre de la Staatskapelle de Dresde, dirige l’ensemble avec une très grande retenue. La gestique est souvent minimaliste à tel point que l’on perçoit ici ou là un léger flottement des violons dans la dernière partie du Gloria («Quoniam tu solus sanctus»), le Konzertmeister du jour devant sans cesse regarder le chef afin de bien caler le pupitre de premiers violons avec le reste de l’orchestre. Les Berliner Philharmoniker allient avec la réussite qu’on leur connaît de superbes masses orchestrales (les accords inauguraux...) et une finesse des solistes (la petite harmonie dans le «Qui tollis» du Gloria) qui s’exprime pleinement dans l’intervention de Daniel Stabrawa dans le Benedictus, irréprochable de la première à la dernière note, la finesse de son jeu volant même à notre sens la vedette au quatuor de solistes! On ne répètera pas ici plus que nécessaire combien Thielemann peut se transfigurer dans le répertoire germanique. L’attention portée aux équilibres (notamment entre chœur et solistes), les fulgurances de certains passages (le démarrage en trombe du Gloria), l’art des transitions (lorsqu’on aborde le «Dona nobis pacem» à la fin de l’Agnus Dei) témoignent de sa science évidente de la direction d’orchestre.


Le Chœur de la Radio de Berlin est, comme souvent les chœurs dans ce type d’œuvres, ovationné par le public au moment des saluts: ce n’est que justice. Le legato lorsqu’il chante les mots «Kyrie eleison» dans le Kyrie témoigne de toute la douceur dont il est capable (également les voix masculines dans l’«Et incarnatus est» du Credo avant que ce ne soit repris par les quatre solistes, épaulés par la flûte quasi surnaturelle d’Emmanuel Pahud) mais il sait également vrombir comme un seul homme: le début du Gloria ou, après un assez long silence, l’«Et resurrexit» lancé avec un incroyable éclat! Le quatuor de solistes fut très bon mais, étrangement peut-être, ce sont les deux voix médianes qui nous semblèrent les meilleures. Aux côtés de l’excellent ténor Daniel Behle, la prestation de l’alto Elisabeth Kulman (tous deux faisaient pour l’occasion leurs débuts avec les Philharmoniker) fut en effet parfaite. Une diction impeccable, une émission jamais forcée et une justesse redoutable la conduisirent en plus d’une occasion à dominer avec naturel le quatuor de solistes. Légère déception pour Franz-Josef Selig (qui était déjà la basse dans la version dresdoise dirigée par Thielemann), qui a eu tendance à ahaner sa partie dans le Kyrie mais qui imposa une belle version de l’Agnus Dei sans que sa prestation soit à marquer d’une pierre blanche néanmoins. En revanche, franche déception pour L’uba Orgonásová (qui remplaçait Genia Kühmeier, initialement prévue) dont la voix a parfois du mal à atteindre certains aigus et qui a connu quelques problèmes de justesse inhabituels chez cette chanteuse si talentueuse: le seul véritable bémol d’un concert berlinois encore une fois de très grande tenue.


Le site d’Elisabeth Kulman
Le site de Daniel Behle
Le site du Chœur de la Radio de Berlin



Sébastien Gauthier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com