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Quel contraste !

Berlin
Philharmonie
12/09/2017 -  
Claude Debussy : Sonate n° 3 pour violon et piano en sol mineur
Olivier Messiaen : Quatuor pour la fin du Temps

Sir Simon Rattle (piano), Daishin Kashimoto (violon), Ludwig Quandt (violoncelle), Wenzel Fuchs (clarinette)


W. Fuchs


Sitôt le concert dirigé par Herbert Blomstedt terminé, musiciens et public quittent la grande salle de la Philharmonie afin de permettre la réorganisation de la scène en vue du second concert de la soirée et, accessoirement, de prendre une collation ou un verre... En effet, comme c’est parfois le cas après les concerts donnés les samedi soirs par le Philharmonique, un second concert est planifié, généralement consacré à de la musique de chambre ou à des œuvres pour petit orchestre, ressortissant plutôt du répertoire contemporain. Cette formule, inaugurée lors de la saison 2011-2012 a ainsi notamment permis d’entendre Façade de William Walton chanté par Barbara Hannigan, Sir Simon Rattle dirigeant pour l’occasion quelques membres du Philharmonique, Le Voyage d’hiver de Schubert dans l’orchestration de Hans Zender (le chanteur étant alors Christian Elsner et Rattle dirigeant pour l’occasion les étudiants de l’Académie de l’Orchestre philharmonique de Berlin), Trois poèmes de Stéphane Mallarmé de Ravel ainsi que des pièces de Luciano Berio (la mezzo Magdalena Kozená étant accompagnée par les étudiants de l’Académie et le Chœur de la Radio de Berlin dirigés là encore par Simon Rattle).


Ce soir, place à Sir Simon Rattle non comme chef d’orchestre mais comme pianiste! Une vraie rareté car, si l’on connaît un peu le chef britannique comme timbalier (sa formation instrumentale d’origine), on n’a que rarement l’occasion de l’entendre se produire au piano.


Le Steinway utilisé par Maria João Pires est de nouveau installé au centre de la scène, dans une Philharmonie comble, qui accueille donc pour la première œuvre Sir Simon Rattle et Daishin Kashimoto, un des Konzertmeister du Philharmonique de Berlin, en lieu et place d’un orchestre pléthorique qui jouait au même endroit une heure plus tôt. Dernière des trois sonates composées par Debussy (1862-1918), la Sonate en sol mineur pour violon et piano (1917), après les sonates pour violoncelle et piano, et pour flûte, alto et harpe (toutes deux datant de 1915), se compose classiquement de trois mouvements. L’angoisse de l’Allegro vivo introductif perle dès l’entrée du piano auquel se joint avec beaucoup d’alchimie le violon étincelant de Daishin Kashimoto; après un deuxième mouvement alternant passages contemplatifs et presque burlesques, le Finale. Très animé que Debussy lui-même comparait à «un serpent qui se mord la queue» met en valeur les qualités des deux musiciens, qui savent parfaitement rendre compte des faux-semblants de la partition, de ses fausses pauses et des tourments qu’on ne cesse de percevoir tout au long de cette pièce d’une quinzaine de minutes.

La seconde œuvre est, pour tous les protagonistes, beaucoup plus redoutable: le Quatuor de la fin du Temps (1940-1941) d’Olivier Messiaen (1908-1992) requiert en effet des solistes de tout premier plan pour faire face aussi bien aux difficultés techniques que mélodiques de cette pièce. A ce jeu-là, qu’on nous permette de saluer en premier lieu l’impeccable Wenzel Fuchs, clarinette solo des Berliner Philharmoniker, qui fut tout particulièrement impressionnant dans l’«Abîme des oiseaux» où la clarinette intervient seule, Fuchs parvenant à sortir de son instrument des pianissimi hallucinants, se jouant des difficultés (les écarts harmoniques, les ruptures rythmiques) avec une aisance déconcertante. Daishin Kashimoto et, dans la «Louange à l’Eternité de Jésus», le violoncelliste solo Ludwig Quandt n’ont rien à prouver: de longues sonorités pleines et chaudes, une finesse de jeu, une alchimie là encore avec le piano témoignent de leur talent indéniable. Et Simon Rattle me direz-vous? Le chef britannique, contrairement peut-être à ce que l’on aurait pu penser de prime abord, ne joue pas seulement un rôle de faire-valoir: il participe pleinement à la réussite de l’ensemble, attentif à ses partenaires (en plus d’une hypothèse, une fois n’est pas coutume, ce n’est pas lui qui dirige...), adoptant un jeu extrêmement habité.


Salués par un public extrêmement attentif, les quatre musiciens témoignèrent à leur niveau de l’excellence des musiciens du Philharmonique de Berlin, si tant est qu’on est besoin d’en être convaincu... Prochaine étape dans la série «Late night»: le 10 février 2018 pour un concert consacré à un voyage dans le jazz de Paul Whiteman (1890-1967), bien entendu sous la direction de Sir Simon!



Sébastien Gauthier

 

 

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