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Nul n’est infaillible Berlin Philharmonie 09/14/2017 - et 15, 16 septembre 2017 Hans Pfitzner : Palestrina: Trois Préludes orchestraux
Anton Bruckner : Symphonie n° 4 «Romantique» en mi bémol majeur, WAB 104 Berliner Philharmoniker, Marek Janowski (direction)
M. Janowski (© Felix Broede)
Pour son deuxième programme donné dans le cadre de la Musikfest, l’Orchestre philharmonique de Berlin avait choisi un programme typiquement germanique avec Hans Pfitzner (1869-1949) et Anton Bruckner (1824-1896). Quant au chef, après Susanna Mälkki il y a quelques jours, c’était au tour de Marek Janowski de diriger le prestigieux orchestre, leur première rencontre remontant à 1976.
Les trois Préludes orchestraux tirés de Palestrina (1912-1915) de Pfitzner permettent immédiatement de mettre en valeur tous les pupitres de l’orchestre: la finesse de l’entrée du Prélude du premier acte (inaugurée par les quatre flûtes et quatre des premiers violons), le fracas des cuivres dans celui du deuxième acte (relayés par l’extraordinaire prestation des violoncelles et des contrebasses), les couleurs assez crépusculaires du troisième acte... Enivrante première partie de concert donc, où se fait sentir toute l’influence (assumée ou non) de Wagner mais qui ne semble qu’avoir à moitié convaincu le public, celui-ci n’offrant qu’un seul rappel au chef, Marek Janowski ayant pourtant dirigé ces pages avec autant de finesse que d’emportements, notamment dans le premier Prélude, où certains forte firent véritablement vibrer la salle.
Associer ces trois Préludes à une symphonie de Bruckner n’est pas nouveau: on a par exemple eu l’occasion de l’entendre à Paris, sous la baguette de Christian Thielemann mais, cette fois-ci, il s’agissait de la Septième. Avec la célèbre Quatrième, Marek Janowski et les Philharmoniker avaient l’occasion de transformer l’essai de la première partie mais on aura été rarement autant déçu par un concert de cet orchestre, pourtant si cher à notre cœur... Au fil de la symphonie, une première évidence s’impose: Janowski dirige trop! Voulant visiblement tout contrôler, appelant un pupitre d’une main, en refrénant certains de l’autre, il en vient à brider l’orchestre, brisant ici un crescendo, là une dynamique (dans le quatrième mouvement), ajoutant à quelques accélérations inutiles (le Trio au sein du Scherzo) un manque de souffle assez constant; Janowski apparaît finalement comme un «artisan», très bon certes, qui cisèle son matériau et souhaite le sertir au mieux, mais qui en oublie la raison d’être. Face à lui, on tombe des nues là aussi: qu’est-il arrivé à l’Orchestre philharmonique de Berlin? Si l’on ne peut qu’admirer certains passages et être impressionné par certains pupitres ou certaines individualités (excellent Stefan Dohr au cor solo ou les incroyables coups d’archet à la fin du premier mouvement du Konzertmeister Noah Bendix-Balgley), que de déceptions là encore. Et même, avouons-le, on aura un léger mouvement d’humeur à l’égard d’Andreas Ottensamer, qui semble avoir pris cette symphonie avec légèreté voire désinvolture à chacun de ses solos, ne cherchant à aucun moment à se fondre avec ses collègues (dans le troisième mouvement en particulier), jouant toujours trop piano et semblant surtout préoccupé par la bonne mise de son nœud papillon. Par ailleurs, les deux derniers mouvements trahirent en plus d’une occasion des problèmes de mise en place qui ne sont dignes ni de ce chef, ni de cet orchestre, l’un et l’autre ayant pourtant été salués par un public finalement assez convaincu. En tout cas, à titre personnel, une déception passagère sans aucun doute, mais une déception à coup sûr!
Sébastien Gauthier
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