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Viva Verdi! Berlin Philharmonie 09/13/2017 - Johannes Brahms : Concerto pour violon en ré majeur, opus 77
Giuseppe Verdi : I vespri siciliani: Ouverture – Quattro pezzi sacri: «Stabat Mater» & «Te Deum» Evelin Novak (soprano), Leonidas Kavakos (violon)
Rundfunkchor Berlin, Gijs Leenaars (chef de chœur), Filarmonica della Scala, Riccardo Chailly (direction)
R. Chailly (© Kai Bienert)
Nouvelle affiche des plus prestigieuses ce soir dans le cadre de la Musikfest 2017 avec l’Orchestre philharmonique de la Scala de Milan, dont la création ne remonte qu’à 1982, lorsque Claudio Abbado et les musiciens du célèbre théâtre lyrique ont souhaité créer ensemble une phalange dédiée au répertoire symphonique, en complément bien entendu de ses engagements opératiques. Et c’est justement sous la baguette d’un ancien assistant d’Abbado, Riccardo Chailly, par ailleurs chef principal de l’orchestre depuis 2015, que se tenait le concert de ce soir.
La première partie roulait a priori sur du velours: un des violonistes les plus renommés à l’heure actuelle, un chef et un orchestre des plus talentueux, un pilier du répertoire au programme... Et pourtant, on aura été assez déçu par cette interprétation qui aura surtout mis en évidence une différence de conception entre Chailly et Kavakos, conduisant à deux jeux parallèles plus qu’à un véritable dialogue. En dépit, dans le premier mouvement, de quelques approximations dans la justesse de son instrument, Leonidas Kavakos impressionne certes par sa technique infaillible mais son jeu s’avère totalement lisse, sans aucun message ni aucune intention. Et c’est donc Riccardo Chailly qui, à plusieurs reprises, doit le diriger afin de l’inciter à enfin délivrer quelque chose. Si ce jeu éthéré convient mieux à l’Adagio, plus contemplatif, c’est de nouveau le chef qui prend les choses en mains dans le troisième mouvement, imposant un tempo plus vif, plus dansant, plus tourbillonnant même que celui que semblait vouloir adopter le soliste grec, un léger décalage ayant d’ailleurs trahi cette différence d’approche à la fin du concerto. De son côté, Chailly dirige un excellent orchestre – quel hautbois dans le deuxième mouvement et, dans l’ensemble, quels pupitres de cordes, notamment à l’entrée de l’Allegro non troppo! – qui contribue à donner le change mais, en dépit de l’accolage chaleureuse entre les deux hommes au moment des saluts, on n’est pas certain d’avoir assisté à une véritable entente artistique. C’est d’autant plus étonnant qu’ils ont enregistré ensemble ce concerto (Decca) et qu’ils l’ont déjà donné à deux reprises ces dernières semaines (Lucerne le 24 août, Londres le lendemain). Le bis, Johann Sebastian Bach une fois encore, fut en revanche splendide, écouté dans un impressionnant silence par l’ensemble du public de la Philharmonie.
La seconde partie tenait un peu du mariage de la carpe et du lapin car associer une ouverture brillante de Verdi à deux de ses Quatre pièces sacrées (1886-1892) offrait un contraste assez saisissant. Pour autant, quelle interprétation cette fois-ci! Il n’y a pas à dire, l’orchestre milanais a Verdi dans le sang et la moindre note du compositeur italien y semble tout à coup dotée d’une évidence qu’on ne retrouve guère ailleurs. Dès les premiers frémissements de l’Ouverture des Vêpres siciliennes, les cordes s’envolent, les bois prenant rapidement le relais avant que l’orchestre tout entier ne virevolte sous la baguette enjouée de Chailly: explosif! Pour la suite, le maestro italien avait choisi de diriger le Stabat Mater et le Te Deum. Même si l’Orchestre de la Scala fut rutilant, parfaitement à l’aise dans ces pages relevant parfois plus du domaine de l’opéra que de la musique sacrée (citons par exemple les cuivres ou la harpe, féerique), c’est surtout le magnifique Chœur de la Radio de Berlin qui fit forte impression. Ses plus de soixante chanteurs, idéalement préparés par le talentueux Gijs Leenaars, contribuèrent avec un engagement incroyable à ces deux pages que Chailly enchaîna sans véritable césure: ils furent les grands triomphateurs de cette seconde partie. Seconde partie que Chailly conclut avec un bis, une autre ouverture de Verdi, celle de La Force du destin: explosion enthousiaste de la salle devant une nouvelle interprétation une nouvelle fois haute en couleur!
Le site de Leonidas Kavakos
Le site de l’Orchestre philharmonique de la Scala
Le site du Chœur de la Radio de Berlin
Sébastien Gauthier
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