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Humain, trop humain

Berlin
Radialsystem V
05/25/2017 -  et 26*, 27 mai 2017
«human requiem»
Johannes Brahms : Ein Deutsches Requiem, opus 45

Iwona Sobotka (soprano), Konrad Jarnot (baryton)
Rundfunkchor Berlin, Angela Gassenhuber, Philip Mayers (piano), Gijs Leenaars, Benjamin Goodson (chefs de chœur)
Jochen Sandig (conception et mise en scène), Ilka Seifert, Sasha Waltz (dramaturgie), Brad Hwang (espace), Jörg Bittner (lumières)


(© Matthias Heyde)


On ose à peine pour cette soirée parler de spectacle, encore moins de concert. Une expérience humaine, trop humaine, qui vous attrape à la gorge dès la première mesure et, bien entendu selon son propre état d’esprit, sa propre réceptivité à la musique religieuse et surtout son aptitude à se laisser aller à l’inconnu, vous fait passer par des degrés d’émotion et de réflexion très divers et enrichissants.


Avant de tenter de le décrire, Il faut signaler que «human requiem», qui est une interprétation spatialisée du Requiem allemand dans la version originale de Brahms où un piano à quatre mains remplace l’orchestre, après avoir été créé à Berlin en 2012, a été depuis présenté dans le monde entier, notamment à la Philharmonie de Paris, et son dernier grand triomphe a été remporté au Lincoln Center de New York en 2016, nommé «Best Classical Music in 2016» par le New York Times.


A Berlin, il est présenté au Radialsystem V, un ancien lieu industriel situé au bord de la Spree dans l’ex-secteur oriental de la ville, dans le quartier autrefois industriel de l’Ostbanhof où se sont développés après la réunification tant de lieux de culture alternative et de fête. Ce magnifique bâtiment de brique est depuis quelques années la base de la compagnie de la chorégraphe Sasha Waltz, qui va codiriger dès la saison prochaine le Staatsballet Berlin. Sasha Waltz fait partie de l’équipe à l’origine de ce projet qui comporte sinon une chorégraphie, du moins un mouvement d’ensemble qui s’y apparente.


Le public est invité à entrer déchaussé dans une grande salle rectangulaire plongée dans une quasi-obscurité. La dispersion se fait apparemment au hasard, mais dès les premières mesures du chœur d’ouverture («Selig sind, die da Leid tragen»), on réalise que les choristes sont dispersés dans le public, dirigés par deux chefs de chœur situés aux deux extrémités de la salle. Mais rien n’est statique. Les choristes circulent, imposant au public un déplacement constant, debout ou assis. Puis une procession s’organise. On amène le corps de la soprano soliste et le dépose sur une estrade. Les éclairages varient grâce à l’ouverture des fenêtres et des lumières très savamment dispersées dans la salle. Pour le chœur «Wie lieblich sind deine Wohnungen», des cordes descendent du plafond, qui sont des balançoires sur lesquels chantent les choristes.


On pense bien sûr plus d’une fois aux réalisations de Peter Sellars des Passions de Bach à la Philharmonie et à une manière de messianisme parfois agaçante par son aspect racoleur. Ici rien de tel car si les choristes invitent le public à une fraternisation, c’est sans aucune ostentation et par leur seule présence physique et vocale au milieu du public. L’impeccable qualité musicale de l’ensemble, solistes, choristes, pianistes ajoutaient à l’émotion dégagée par cette œuvre bouleversante. Une expérience poignante, tout à fait originale et dont on ne ressort pas indemne.


Les trois représentations, prises d’assaut depuis des mois, coïncidaient avec les journées de l’Eglise évangélique allemande (Kirchentag) qui se déroulaient à Berlin pendant ce long pont de l’Ascension, impressionnante marée humaine envahissant littéralement la capitale.


Le prochain projet du Chœur de la Radio de Berlin n’est pas moindre: annoncé pour octobre 2017, «Luther, dancing with the Gods», sur des musiques de Bach, Knut Nystedt et Steve Reich, sera réalisé par Robert Wilson.



Olivier Brunel

 

 

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