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Un vibrionnant jeune homme

Berlin
Philharmonie
01/19/2017 -  et 20, 21* janvier 2017
Béla Bartók : Concerto pour piano n° 3, Sz. 119
Johannes Brahms : Symphonie n° 1 en ut mineur, opus 68

Sir András Schiff (piano)
Berliner Philharmoniker, Herbert Blomstedt (direction)


H. Blomstedt (© Jürgen M. Pietsch)


Même si l’anniversaire est un petit peu dépassé, on pourrait presque prendre ce concert (le troisième de la série ce samedi, comme habituellement avec le Philharmonique de Berlin) pour un concert d’anniversaire puisque Herbert Blomstedt a débuté à la tête du prestigieux orchestre voilà quarante ans: c’était en décembre 1976. S’ils ne se sont jamais perdus de vue, le chef suédois (mais naturalisé américain) est depuis quelques années l’invité très régulier des Berliner Philharmoniker avec lesquels il a donnés des concerts consacrés à Beethoven et Bruckner (en juin 2010), Hindemith et Bruckner de nouveau (en mars 2011), Beethoven de nouveau (la Missa solemnis en juin 2012), Beethoven et Nielsen (en mars 2013), Hindemith et Berlioz (en février 2014), Bruckner (cette fois-ci la monumentale Huitième Symphonie en janvier 2015) et enfin Berwald et Dvorák (en février 2016).


Le présent concert débutait par le Troisième Concerto de Béla Bartók, dont on sait qu’il ne put l’achever avant sa disparition, le 26 septembre 1945. Sir András Schiff connaît cette œuvre sur le bout des doigts: son jeu et ses attitudes le démontrent amplement. Rêveur dans le premier mouvement (Allegretto), faisant appel aux accents jazzy de la partition avec une très grande délicatesse, il livre surtout un magnifique deuxième mouvement, hommage très direct à la musique de Bach. L’orchestre révèle ses mille couleurs et détails (les échos de la clarinette, de la trompette avec sourdine...), les cordes adoptant un fondu qui permet au piano, dont le jeu s’avère des plus contemplatifs, de s’insérer dans l’ensemble avec une douceur extrêmement séduisante. Dans le troisième mouvement (Allegro vivace), Schiff impose une technique sourde et endiablée à laquelle répondent parfaitement Blomstedt et ses musiciens, au premier rang desquels Rainer Seegers aux timbales.


Après l’impressionniste concerto, le concert se poursuivait avec un pont aux ânes pour tout grand orchestre, la Première Symphonie de Brahms. Certes, on peut se demander s’il est utile, comme le fit Herbert Bomstedt, de faire la reprise dans le premier mouvement. Certes, on pourrait préférer une allure globalement un brin plus rapide. Certes, on pourra reprocher à Andreas Ottensamer de jouer un peu trop doucement son solo dans le troisième mouvement, au risque d’être souvent couvert par le reste de l’orchestre. Mais que sont de telles broutilles au regard de l’ensemble? Car le Philharmonique de Berlin fit encore une fois preuve d’une cohésion et d’un engagement qui ne peuvent que forcer l’admiration. Sans en faire trop, sans en faire beaucoup pourrait-on même écrire, Blomstedt, dirigeant à mains nues et adoptant une gestique toujours très mesurée, impose une vision souveraine à laquelle tous répondent en un clin d’œil, à commencer par les deux cors solos tenus ce soir non par des Berliner mais par deux des cornistes de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise, le charismatique Eric Terwilliger et le Français François Bastian. A ce titre, le dernier mouvement fut absolument époustouflant, la seule vision de l’orchestre en train de jouer étant un moment qui restera longtemps en mémoire.


Et c’est donc un public aux anges qui fit une standing ovation amplement méritée à Herbert Blomstedt, invité à revenir ensuite seul sur scène, dont le visage facétieux et la démarche alerte nous font oublier qu’il fêtera ses quatre-vingt-dix ans en juillet prochain. Chapeau Maestro!



Sébastien Gauthier

 

 

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