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Eblouissant Philharmonique

Berlin
Philharmonie
11/05/2016 -  et 26 (Berlin), 28 (Salzburg), 30 (Luzern) août, 2 septembre (London), 9 (New York), 11 (Boston), 12 (Ann Arbor), 15 (Toronto), 19 (Los Angeles), 23 (San Francisco) novembre 2016
Pierre Boulez : Eclat (première version pour 15 instruments, 1965)
Gustav Mahler : Symphonie n° 7 en mi mineur

Berliner Philharmoniker, Sir Simon Rattle (direction)


S. Rattle (© Johann Sebastian Hanel)


Voilà un programme qui aura voyagé! Donné à Berlin dès le 26 août, puis au cours des grands festivals estivaux (Salzbourg le 28, Lucerne le 30, Londres dans le cadre des Proms le 2 septembre), il était de nouveau donné à Berlin avant de parcourir l’Amérique du Nord dans le cadre d’une grande tournée que l’orchestre entame dès le 9 novembre. Et quelle meilleure carte de visite que cette alliance entre la précision objective d’une brève pièce de Pierre Boulez (1925-2016) et une symphonie luxuriante et purement orchestrale de Gustav Mahler (1860-1911)?


La version d’Eclat (1965) est destinée à quinze instruments d’une grande variété: citons pêle-mêle le piano, la mandoline mais aussi et entre autres un alto, un cor anglais, une flûte alto, un trombone, une harpe et un glockenspiel. Si l’introduction de l’œuvre, qui dure en tout à peine dix minutes, offre au piano une place centrale, la suite joue surtout sur les résonances de chaque instrument, sur les jeux de timbres et les sons, généralement brefs, qui fusent ici ou là... Comme le remarquait par ailleurs Dominique Jameux, le rôle du chef est fondamental puisque c’est lui qui décide des tempi et de l’intensité de tel ou tel passage: «Il s’agit presque d’un "concerto pour chef d’orchestre et petit ensemble"» écrivait-il avec son acuité habituelle (programme du Festival d’automne à Paris, 1981). A ce jeu-là, Sir Simon Rattle est à son aise: dans un silence absolu (du moins au début de la pièce), qu’il soit membre du Philharmonique ou invité pour l’occasion comme ce fut le cas pour Majella Stockhausen au piano ou Detlef Tewes à la mandoline, chaque instrumentiste répond à sa gestique avec une précision d’horloger suisse. Même si la grande salle de la Philharmonie aura parfois pu sembler un peu vaste pour ce petit groupe de musiciens, elle n’en offrit pas moins un bel écrin où les résonances purent jouer à plein.


Changements d’effectifs et de perspective avec la Septième Symphonie (1904-1905) de Mahler: quelle seconde partie! C’est peu de dire que les Berliner Philharmoniker furent éblouissants. Dans une œuvre aussi foisonnante où les lignes directrices ne sont pas toujours aisées à déterminer, Sir Simon Rattle fut impérial. Le premier mouvement (Langsam (Adagio) - Allegro risoluto, ma non troppo) fut le plus impressionnant, grâce notamment à une fin cataclysmique. Même si l’on aurait peut-être aimé un peu plus de tension dans le troisième mouvement, celui-ci fut inquiétant à souhait, encadré par deux Nachtmusik d’une grande délicatesse. Le Philharmonique de Berlin se distingue une fois encore par ses ensembles (le vrombissant pupitre des huit contrebasses emmené par le duo Matthew McDonald et Janne Saksala) et par ses divers chefs de pupitres. Ovationné comme il se doit, Stefan Dohr au cor solo s’affirma avec une puissance incroyable dans le deuxième mouvement, précédé dans le premier par le tout aussi irréprochable Christhard Gössling au Tenorhorn. Que dire également des bois, des trompettes, des percussions, sans oublier, dans la seconde Nachtmusik, la mandoline (tenue par Detlef Tewes) et la guitare (ce qui est plus inhabituel, jouée par Matthew Hunter, également altiste du rang!)? Dirigeant par cœur comme à son habitude, Rattle insuffle à l’œuvre une énergie et une variété de climats propres à faire ressortir tous les détails d’une symphonie transfigurée par un orchestre d’exception.



Sébastien Gauthier

 

 

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