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En terrain conquis

Berlin
Philharmonie
09/18/2014 -  et 23* septembre 2014
Robert Schumann : Symphonie n° 1 en si bémol majeur, opus 38 «Frühlingssinfonie»
Johannes Brahms : Symphonie n° 1 en ut mineur, opus 68

Berliner Philharmoniker, Sir Simon Rattle (direction)


S. Rattle (© Monika Rittershaus/EMI Classics)


Après avoir participé à la Musikfest Berlin en donnant un concert essentiellement dédié à la musique contemporaine sous la direction de Peter Eötvös, les Berliner Philharmoniker l’ont conclue avec un cycle de quatre concerts associant les Symphonies de Robert Schumann (1810-1856) et de Johannes Brahms (1833-1897) et présenté du 18 au 21 septembre. Le programme «officiel» de la saison démarre à la Philharmonie de Berlin avec une reprise de ce cycle, du 23 au 26 septembre, permettant ainsi d’entendre le Philharmonique dans un répertoire qu’il possède, interprète, ressasse même depuis des décennies: c’est donc plutôt à chaque chef d’y mettre ensuite sa patte et d’y instaurer sa propre originalité.


Reconnaissons tout d’abord, à titre personnel, que ce n’est pas sans émotion que l’on traverse le hall immense pour se retrouver dans le foyer où sont affichés les portraits géants de quelques grands chefs – de Herbert von Karajan à Tugan Sokhiev, de Claudio Abbado à Emmanuelle Haïm en passant par Riccardo Muti, Seiji Ozawa ou Lorin Maazel... – ayant dirigé le Philharmonique. Puis nous voici dans la salle, dans cette salle si souvent vue dans des vidéos, à la télévision ou ailleurs, qui a fêté l’année dernière ses cinquante ans et qui bénéficie d’une acoustique tout à fait exceptionnelle comme on a pu s’en rendre compte ce soir.


Après celle des musiciens dans une salle comble, c’est au tour de Sir Simon Rattle de faire son entrée et d’attaquer immédiatement la Première Symphonie (1841) de Schumann. Cette œuvre est un pilier du répertoire de l’orchestre, qui l’a jouée pour la première fois le 9 avril 1883. Par la suite, outre les intégrales renommées dirigées par Karajan et Kubelík, il l’a de nouveau enregistrée dans le cadre d’une nouvelle et récente intégrale sous la direction de son actuel chef titulaire, sous la propre étiquette de l’orchestre. Avouons-le d’emblée: tout impressionnant fût-il, le résultat ne nous aura pas pleinement convaincu. Les musiciens ne sont nullement en cause: qu’il s’agisse du flûtiste Emmanuel Pahud ou du hautboïste Albrecht Meyer, les solistes furent tous excellents; quant aux tutti, ils furent plus impressionnants encore (la fin du premier mouvement!), notamment chez les cordes. L’entrée des cinq contrebasses (dont le nombre sera porté à huit pour Brahms), et le volume des cordes de manière générale illustrent de manière éclatante certains tics de l’orchestre, habitué depuis longtemps à se reposer sur une ligne de basse souveraine et sur un sens du legato tout aussi séduisant.


En vérité, c’est la tentation de Simon Rattle à trop souligner certains détails ou contrechants qui nous aura le plus dérangé. Si le deuxième mouvement (Larghetto) a parfois quelque peu manqué de tension, c’est surtout le troisième qui aura souffert d’une certaine affectation, certains traits étant trop appuyés au détriment de la ligne générale. Quant à l’Allegro animato e grazioso conclusif, Rattle l’empoigna avec une telle fougue et une telle rapidité que la musicalité céda parfois le pas à une évidente démonstration orchestrale.


Pour la seconde partie, Brahms était donc à l’honneur avec sa Première Symphonie, que les Berlinois affichent à leur répertoire depuis novembre 1885... Même si le legato et la puissance de l’orchestre ne sont pas ceux des dernières prestations berlinoises de Karajan (il suffit d’écouter sa Première de Brahms dans les concerts enregistrés au Japon en mai 1988 ou à Londres en octobre de la même année, respectivement publiés chez Deutsche Grammophon et Testament), la force tellurique de l’orchestre impressionne d’emblée grâce à l’excellent timbalier Wieland Welzel. Là encore, les solistes se montrèrent tous à la hauteur de leur réputation, qu’il s’agisse du Konzertmeister Daishin Kashimoto dans le deuxième mouvement, du clarinettiste Andreas Ottensamer dans le troisième ou, grand gagnant à l’applaudimètre final, du corniste Stefan Dohr dans le quatrième. Mais c’est surtout la cohésion de l’orchestre qui fut frappante. Même si Sir Simon Rattle privilégia de nouveau un peu trop le détail sur un certain hédonisme d’ensemble, la clarté des pupitres permit d’entendre toute la richesse de la partition avec un vrai bonheur. On aurait néanmoins pu souhaiter davantage de contrastes dans les couleurs, l’aspect sombre du premier mouvement ne permettant pas d’apprécier pleinement le deuxième mouvement (Andante sostenuto) qui, au contraire, doit distiller un agréable apaisement. Pour autant, ce ne sont là que de menus reproches à l’égard d’une prestation ovationnée par un public acquis d’avance à cet orchestre qui fait la fierté de la ville.


Signalons par ailleurs que, outre la modicité du prix de certaines places (la Philharmonie étant divisée en huit catégories, certains fauteuils sont à moins de 30 euros), le programme du cycle complet (certes en allemand mais de 80 pages, avec force commentaires et photographies) n’était vendu qu’au prix de 3 euros. Qui a dit que la musique classique n’était qu’un passe-temps réservé à une élite? Heureux Berlinois!


Le site de l’Orchestre philharmonique de Berlin



Sébastien Gauthier

 

 

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