About us / Contact

The Classical Music Network

Berlin

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

L’âme de l’orchestre

Berlin
Philharmonie (Kammermusiksaal)
09/06/2014 -  
Robert Schumann : Trois Romances pour violon et piano, opus 94
Johannes Brahms : Trio pour piano, violon et cor, opus 40
Jörg Widmann : Air pour cor solo
György Ligeti : Trio pour violon, cor et piano

Isabelle Faust (violon), Teunis van der Zwart (cor), Alexander Melnikov (piano)


T. van der Zwart (© Kai Bienert)


Sans avouer un thème unique, la programmation de la Musikfest de Berlin tourne chaque année autour de plusieurs axes souvent dictés par tel anniversaire ou telle commémoration à la mémoire d’un compositeur. Pour cette dixième édition, c’est le romantisme allemand qui se fait la part belle avec l’intégrale des Symphonies de Schumann et de Brahms et un riche choix d’œuvres de ces deux compositeurs, comme le reflétait ce concert de musique de chambre à la programmation tout à fait originale, confrontant, par les mêmes interprètes, deux classiques de la période romantique à deux œuvres de notre temps. Parmi eux, le Néerlandais Teunis van der Zwart (né en 1964), premier d’une série annoncée de cornistes de premier rang, le cor – instrument romantique par excellence et «âme de l’orchestre» selon Schumann – étant l’autre thème de cette programmation. Au fil des vingt jours du festival, plusieurs œuvres pour solistes, ensemble ou concertantes figureront au programment des trente-et-un concerts, comprenant soixante-quinze œuvres de vingt-quatre compositeurs.


La salle de musique de chambre de la Philharmonie, conçue par Edgar Wisniewski et inaugurée en 1987, s’est vite avérée comme une nécessité pour la vie musicale berlinoise et, avec ses 1136 places, elle complète idéalement la grande salle de Hans Sharoun, qu’elle jouxte et dont elle est quasiment l’exacte copie en miniature. Sans que le miracle acoustique de la grande salle ait été renouvelé – on doute qu’il le soit jamais – et malgré un peu de sécheresse, les conditions sont optimales pour la musique de chambre. Peut-être pas assez, cependant, pour rendre justice au Hammerklavier sur lequel le pianiste russe Alexander Melnikov (né en 1973) avait choisi d’accompagner dans l’adaptation pour violon de la partie de hautbois des Trois Romances de Schumann, la violoniste allemande Isabelle Faust (née en 1972), dont la sonorité franche et délicate n’était pas toujours mise en valeur par celle plus pataude et sourde de cet instrument. Curieusement, celui-ci se fondait mieux dans l’ensemble formé par les trois instrumentistes dans le long et très élaboré Trio pour cor, violon et piano de Brahms, pour lequel le corniste avait choisi le cor naturel, ancêtre du cor à pistons, pour obtenir une sonorité beaucoup plus proche de la nature nostalgique du cor alpestre qui hante cette œuvre – Brahms l’avait composé pour Waldhorn.


Seule exception à la musique d’ensemble de ce fascinant concert, l’Air pour cor solo de Jörg Widmann (né en 1973), célèbre clarinettiste et compositeur bavarois. Très mélodique, cette pièce d’environ 5 minutes, à force de vouloir exploiter toutes les ressources de l’instrument – c’est naturellement sur un cor moderne que l’a interprétée impeccablement Teunis van der Zwart – finit par ressembler à un morceau de concours. Beaucoup de contrastes dynamiques, de phénomènes d’écho, de sourdine interrompent une longue mélodie de forme assez classique. Curieux phénomène acoustique: joué dans l’aile du Steinway installé pour l’œuvre suivante, on pouvait entendre du fond de la salle comme un accompagnement en fond sonore, une espèce de résonance en écho.


Pièce de résistance du concert, le Trio pour violon, cor et piano de Ligeti (1982) a mis fin, aux dires du compositeur, à une assez longue période de relative stérilité dans sa production. Clairement revendiqué comme un «Hommage à Brahms» et comme un pendant de la pièce jouée en première partie dont il épouse la même forme – quoique la part belle y soit faite plus au violon qu’au cor –, il convoque même à plusieurs reprise une «fausse citation» du thème introductif de la Sonate «Les Adieux» de Beethoven. Les trois interprètes se sont surpassés dans cette œuvre techniquement très difficile que Ligeti qualifie de «mi ironique, mi sérieuse, conservatrice et postmoderne». La musique en est très expressive, avec des passages très proches du jazz, utilisant des motifs minimalistes, jouant plus l’œuvre avance vers la sonorité et les harmoniques dans un élan debussyste avant de s’achever dans un apaisement total.


Le site de Teunis van der Zwart
Le site de Jörg Widmann



Olivier Brunel

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com