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A tous chœurs

Saintes
Abbaye aux Dames
07/17/2014 -  
Charles Ives : Psalm 67 – Psalm 150
Aaron Copland : Four Motets: «Help us, O Lord», «Thou, O Jehova, abideth forever», «Have mercy on us, O my Lord» & «Sing ye praises to our King»
Leonard Bernstein : Choruses from «The Lark» – French Choruses: «Spring song» & «Court Song» – Latin Choruses: «Prélude», «Benedictus», «Sanctus», «Requiem» & «Gloria»
Ned Rorem : Four Madrigals: «Parting», «Flowers for the Graces», «Love» & «An Absent Friend» – In time of pestilence: «Adieu, farewell earth’s bliss», «Rich men, trust not in wealth», «Beauty is but a flower», «Strength stoops unto the grave», «Wit with his wantonness» & «Haste therefore each degree»
Igor Stravinsky : Anthem «The dove descending breaks the air»
Steve Reich : Clapping Music – Know what is above you
Philip Glass : Einstein on the Beach: Knee Play 3

Les Eléments, Joël Suhubiette (direction)


François Couperin : Première, Deuxième et Troisième Leçons à une voix
Marc-Antoine Charpentier : Répons
Michel-René Delalande : Miserere

Le Concert spirituel: Marie-Pierre Wattiez, Aude Fenoy, Agathe Boudet, Marie Griffet, Nadia Lavoyer, Anne-Marie Jacquin (sopranos), Tormod Dalen (violoncelle), Yuka Saïto (viole de gambe), Caroline Delume, Bruno Helstroffer (théorbes), Elisabeth Geiger (clavecin), Hervé Niquet (orgue et direction)


J. Suhubiette (© François Passerini)


La sobriété romane de la nef de l’Abbaye aux Dames en fait l’écrin naturel pour les consorts vocaux, et l’édition 2014 du festival n’y déroge pas. En témoigne de lumineuse manière le programme présenté par Joël Suhubiette et son ensemble Les Eléments, placé sous le patronage de Nadia Boulanger, compositrice et l’une des plus illustres pédagogues de l’histoire de la musique. Au Conservatoire américain de Fontainebleau où elle enseigna – et qu’elle dirigea également – elle forma des générations de musiciens – plus d’un millier, qui ne venaient des simples limites de l’Hexagone, mais aussi de l’autre côté de l’Atlantique, ce qu’illustre le présent concert.


Certes Ives n’a pas compté parmi ses élèves, et sa mise en chœur des Psaumes 67 et 150 fait valoir un remarquable sens de la polyphonie, aux franges de la complexité rythmique et harmonique, qui le distingue aux yeux de la postérité. Bernstein non plus n’a pas étudié avec Nadia Boulanger, mais la musique de scène qu’il écrivit pour la première new-yorkaise de L’Alouette de Jean Anouilh affirme son indéniable sensibilité à une certaine culture française qui éclaire sans doute l’amitié liant le chef d’orchestre et la «Mademoiselle». Le Chant du printemps et le Chant de la cour jouent d’une manière gourmande avec les sonorités de l’ancien français, tandis que les Latin Choruses entretiennent avec les premiers des consonances audibles.


Les quatre motets de Copland déploient une simplicité et un naturel qu’exaltent les solistes des Eléments, avant l’art madrigalesque d’un Ned Rorem, renouant avec l’anglais élisabéthain, autre versant de cette délicate manière de redonner aux harmonies du passé des saveurs contemporaines. La simplicité de l’expression, gage de son efficace, se retrouve chez Stravinsky et son Anthem «The dove descending breaks the air» – ce qui fait comprendre la disqualification de la version latine du Credo écrite pendant sa période américaine, initialement inscrite au programme – et aboutit au minimalisme de Reich, qui s’aventure jusqu’à une Clapping Music où les voix se résument aux rythmes de claquements de doigts, et de Glass, avec un célèbre extrait d’Einstein on the Beach; «One, two, three, four» et «la, mi, ré, do»: délivrés du sens, les sons achèvent leur travail hypnotique, portés par la précision sans faute de Joël Suhubiette et de ses chanteurs.


La France musicale se trouve à nouveau à l’honneur le soir avec les trois Leçons de ténèbres de Couperin, ponctuées par des Répons de Charpentier. A la tête de son Concert spirituel, Hervé Niquet exalte la sobriété envoûtante de ces pages qui bercent l’âme. Le Miserere de Delalande réveille des contrastes plus théâtraux, à l’instar d’un Lully. Comme toujours, le soin et l’instinct du style qui distinguent les musiciens de l’ensemble français comme les soprani des chœurs, ici en formation exclusivement féminine, remplissent leur office sans faillir.



Gilles Charlassier

 

 

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