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Une Madame Butterfly sans Butterfly

Toulon
Opéra
11/16/2012 -  et 18, 20*, 22 novembre 2012
Giacomo Puccini : Madama Butterfly

Adina Nitescu (Cio-Cio-San), Arnold Rutkowski (Pinkerton), Giovanna Lanza (Suzuki), Franck Ferrari (Sharpless), Joseph Shovelton (Goro), Xin Wang (Le Prince Yamadori), Nyamdorj Enkhbat (Le Bonze), Amandine Perret (Kate Pinkerton)
Chœur de l’Opéra de Toulon, Christian Bernollin (chef de chœur), Orchestre de l’Opéra de Toulon, Giuliano Carella (direction musicale)
Numa Sadoul (mise en scène), Luc Londiveau (décors), Katia Duflot (costumes), Philippe Mombellet (lumières)


A. Nitescu, A. Rutkowski (© Frédéric Stéphan)


Depuis dix ans que cette coproduction des opéras de Bordeaux et Marseille navigue entre les deux villes, c’est en rade de Toulon qu’elle finit par accoster. Ayant déjà dit tout le bien que nous pensons d’elle lors de sa dernière reprise en septembre 2011 au Grand Théâtre de Bordeaux, nous ne reviendrons pas plus avant dessus, le spectacle imaginé par le metteur en scène franco-congolais Numa Sadoul n’ayant pas subi de modifications notables entre-temps.


A contrario des sessions bordelaises, où nous déplorions un orchestre et une direction sans âme ni charme, c’est de la fosse que viendront les principaux bonheurs de la soirée – comme toujours quand le Maestro Carella dirige son excellent orchestre de l’opéra de Toulon, serions-nous tenté de dire... Une fois de plus, nous saluerons donc une phalange admirable de précision et d’engagement, menée de main de maître par le chef italien qui s’attache à rendre les moindres couleurs en même temps que toutes les effusions de la foisonnante partition de Puccini.


Dan le rôle de Cio-Cio-San, Adina Nitescu ne se montre vraiment pas à la hauteur de sa flatteuse réputation. Signe évident de prises de rôles trop lourds pour elle, la soprano roumaine n’offre plus qu’un timbre usé, une voix métallique, un souffle court et un vibrato envahissant. Pour notre malheur, ses talents d’actrice, oscillant entre minauderies et simagrées, ne viennent pas compenser ses défaillances vocales, et surtout ne font jamais passer l’émotion escomptée. Du coup, avec ses sonorités amples et ses graves capiteux, c’est du côté de la mezzo italienne Giovanna Lanza, qui incarne une combative et émouvante Suzuki, qu’on ira chercher le frisson.


Magnifique Rodolfo dans La Bohème la saison dernière sur cette même scène, Arnold Rutkowski se montre tout autant enthousiasmant dans le rôle de Pinkerton, et confirme les espoirs que nous avions alors placés en lui. Ce soir encore, la prestation du ténor polonais s’avère d’une aisance, tant scénique que musicale, confondante. Doté d’un timbre hautement séduisant, d’un physique idoine, d’une ligne de chant suprêmement raffinée et d’un aigu percutant, il réussit par ailleurs l’exploit de dessiner un Pinkerton presque sympathique, désarmant dans son insouciance juvénile. Il forme avec le beau Sharpless de Franck Ferrari, à l’émission franche et au jeu nuancé, une paire d’amis qui n’est pas sans rappeler les Rodolfo et Marcello de La Bohème, que nous évoquions déjà un peu plus haut.


Les nombreux seconds rôles sont bien distribués: le ténor chinois Xin Wang compose un émouvant Yamadori, le ténor anglais Joseph Shovelton un inquiétant Goro, le baryton mongol Nyamdorj Enkhbat un terrifiant Bonze, tandis que la mezzo française Amandine Perret fait une élégante apparition en épouse américaine. Mentionnons, enfin, le superbe chœur (d’hommes) de l’Opéra de Toulon qui fait fi du périlleux chœur à bouche fermée.



Emmanuel Andrieu

 

 

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