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Un Barbier en rade à Toulon

Toulon
Opéra
03/30/2012 -  et 1er, 3*, 5 avril 2012
Gioacchino Rossini : Il barbiere di Siviglia

Sébastien Droy (Le Comte Almaviva), Paolo Bordogna (Figaro), Anna Kasyan (Rosina), Elia Fabbian (Bartolo), Andrea Mastroni (Basilio), Cécile Galois (Berta), Paolo Orecchia (Fiorello)
Chœur de l’Opéra de Toulon, Christophe Bernollin (direction), Orchestre de l’Opéra de Toulon, Nicolas Krüger (direction musicale)
Stefano Mazzonis di Pralafera (mise en scène & lumières), Jean-Guy Lecat (décors), Fernand Ruiz (costumes), Flavia Mangani (chorégraphie)


(© Frédéric Stéphan)


L’Espagne est omniprésente dans cette production du Barbier de Séville, signée Stefano Mazzonis di Pralafera et provenant de l’Opéra de Liège, à la destinée duquel l’homme de théâtre italien préside désormais. L’essentiel de l’action se situe sur une place de Séville, avec maisons cossues et vue sur la fameuse Giralda, le tout en carton-pâte ou toiles peintes, par ailleurs écrasé de lumières clinquantes, signées également Mazzonis. En plus de la misère visuelle du spectacle, il faudra endurer deux heures durant une farce aux effets lourds et gratuits. Les trouvailles, gags ou incongruités se succèdent, surchargeant l’action, sans aucunement l’éclairer, tout autant que la musique. On y trouve pêle-mêle un Figaro transformé en Superman, un Basilio grimé en Méphistophélès, un Ambrogio débile profond et obèse, un Bartolo coiffé en iroquois, et même l’intervention du SAMU sur scène... on en passe. Ce que la fantaisie légère et poétique aurait pu faire admettre est ici tiré vers la pantalonnade. Et si le public rit, la comédie de Beaumarchais et l’exaltation vocale de Rossini passent à la trappe. Bref, Mazzonis a eu la main par trop lourde.


Las, la distribution réunie à Toulon ne sauve pas le spectacle. Le jeune ténor français Sébastien Droy ne fait preuve ni de la prestance physique, ni de l’aisance scénique, ni des qualités vocales d’un Almaviva. Après une entrée un peu laborieuse – un «Ecco ridente» à l’émission serrée –, le chanteur s’est certes un peu amélioré mais n’a cependant pas osé affronter les vocalises du «Cessa di più resistere», pourtant très attendu. On ne sait ce qu’il faut le plus reprocher au Figaro de Paolo Bordogna: un timbre terne, une émission engorgée, un souffle court, la désinvolture avec laquelle il avale de nombreux mots et savonne la moindre vocalise. Le baryton italien ne se soucie que de «faire du son», et au diable nuances et phrasé!


Dans le rôle de Rosina, la soprano d’origine géorgienne Anna Kasyan fait preuve d’une plus grande capacité technique que ses partenaires. Dotée d’un timbre sombre et chaud à la fois, elle offre une vocalisation remarquable, et si l’ornementation peut paraître un peu vulgaire, sans doute cela est-il imputable à la conception scénique. Car c’est une Rosina virago qu’on nous présente ici, beaucoup plus qu’une tendre amoureuse. Pour en finir avec les particularités vocales de la soirée, signalons l’excellent Bartolo d’Elia Fabbian, qui maîtrise fort bien le syllabisme vertigineux du «A un dottor», tandis qu’à l’inverse, Andrea Mastroni (Basilio) hurle son air de la calomnie. Les comprimari sont affligeants, à l’exception de la Berta de Cécile Galois qui tire le meilleur parti de son aria di sorbetto.


Pour comble d‘infortune, le chef français Nicolas Krüger, à la tête d’un Orchestre de l’Opéra de Toulon en petite forme, s’avére quelque peu fâché avec la cohérence des tempi. Ses excès dans l’alternance du prestissimo et du lentissimo ne sont peut-être pas la meilleure façon de donner vie à un chef d’œuvre dont la réalisation, on le sait, est toujours difficile.



Emmanuel Andrieu

 

 

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