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Faible Mistral sur Toulon

Toulon
Opéra
05/11/2007 -  et 13*, 15 mai 2007
Charles Gounod : Mireille
Ermonela Jaho (Mireille), Anne Pareuil (Taven), Sonia Morgavi (Clémence), Isabelle Obadia (Vincenette), Florian Laconi (Vincent), Marc Barrard (Ourrias), Christian Tréguier (Maître Ramon), Jean-Marie Delpas (Maître Ambroise), Maud Ryaux (Andreloun)
Orchestre, chœur et ballet de l’Opéra de Toulon, Alain Guingal (direction musicale)
Paul-Emile Fourny (mise en scène), Poppi Ranchetti (décors et costumes), Jacques Chatelet (lumières), Servane Delanoë (chorégraphie)


Depuis sa création en 1864, Mireille a toujours eu du mal à s’imposer en dehors de nos frontières. Le livret, inspiré du très beau poème épique de Mistral, fut souvent remanié par Michel Carré le librettiste (Mireille meurt, ou s’éveille de son insolation pour tomber dans les bras de Vincent ; ce dernier, selon les versions, succombe aux coups d’Ourrias, ou se retrouve seul à la fin de l’opéra, pleurant la mort de sa bien-aimée), met en scène des personnages peu fouillés – exception faite de Mireille – parfois frisant la caricature, parfois chantant un texte un peu... niais . Qu’importe. Les faiblesses mineures de cette « épopée terrienne et sociale » qui a pour cadre une Provence authentique sont largement compensées par un charme simple et sincère, de grandes qualités mélodiques, et un lyrisme d’une indéniable beauté.


De cette production de l’Opéra de Nice nous ne dirons rien de la mise en scène. Il n’y en avait pas. Sur le décor, nous ne nous étendrons pas non plus. Les costumes ? Ah, là je me lève et je dis : non ! Les Arlésiennes ne portent pas des jupes de mousseline de coton aux couleurs acidulées qui les font ressembler à des Gitanes, avec tout le respect que l’on doit à ce peuple. Pas le moindre centimètre de cretonne ou de « piqué ». Pas la moindre trace de ruban de velours noir, pas le moindre nœud gansé, pas la moindre croix pectorale. Rien. Des fichus et des chiffons. Franchement ! Mireille, coiffée comme la Françoise Hardy des années soixante et vêtue comme une cigarière (du début à la fin) ! Mais que fait la police arlésienne ?


Musicalement, on respire. C’est nettement mieux. Vocalement, l’Albanaise Ermonela Jaho est tout à fait à sa place dans cet emploi. La voix ne manque pas de charme, mais sa caractérisation du rôle titre a juste ce qu’il ne faut pas de « vériste » et sa Mireille manque un peu de la distinction souhaitée. Dans les derniers instants de son rôle, elle parvient toutefois à donner à son personnage toute sa stature dramatique. Le Messin Florian Laconi est un Vincent de qualité. Il est jeune, charmant, à l’aise dans cet emploi de ténor léger, et sa voix possède un timbre et une vaillance qui font de lieu un talent prometteur. Mais attention à la « vaillance » justement, point n’en est trop besoin dans ce rôle. Le reste de la distribution s’efforce de donner de la consistance à des personnages qui n’en ont pas. Anne Pareuil est une Taven de bon aloi et Marc Barrard en Ourrias est le monument de méchanceté que l’on attend. Bonnes prestations également d'Isabelle Obadia en Vincenette, de Christian Tréguier en Maître Ramon, de Jean Marie Delpas en Maître Ambroise. L’air très court mais tout à fait charmant du berger Andreloun est interprété avec talent par Maud Ryaux.


Sous la houlette d’Alain Guingal, l’Orchestre et le Chœur de l’Opéra de Toulon Provence Méditerranée signent une prestation qui se termine mieux qu’elle n’avait commencé. La farandole « joyeuse et molle », fait vite place à une lecture plus subtile, plus intimiste et surtout plus énergique de cette immense partition.


Nous ne résistons pas à l’envie de proposer au lecteur un très court extrait, suivi de sa traduction, du poème de Mistral :


Aqui Mirèio s’aboucavo,
E dins l’estendudo alucavo...
S’emblavo, peralin, au fin founs de l’èr blu,
Vèire de causo espetacouloso.
Pièi sa paraulo nivouloso
Recoumençavo : - Urouso, urouso
Lis amo que la car en terro detèn plu !


Frederi Mistrau, Mirèio, Cant XII


Alors Mireille s’apaisait, - et regardait dans l’étendue... - Elle semblait, au loin, dans les profondeurs de l’air bleu, - voir des choses merveilleuses. – Puis, sa parole nuageuse – recommençait : « Heureuses, heureuses – les âmes que la chair sur terre ne retient plus ! »


Frédéric Mistral, Mireille, chant douzième.



Christian Dalzon

 

 

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