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Vous avez dit «Gaston Serpette»?

Toulon
Opéra
11/16/2019 -  et 5 octobre 2019 (Marseille), 17 mars (Avignon), 15, 16 mai (Nice) 2020
Gaston Serpette: Le Singe d’une nuit d’été [1]
Jacques Offenbach: Pomme d’Api [2]

Clara Leloup (Catherine [2]), Amélie Tatti (Atala [1]), Gien Goichoechea (Rabastens [2]), Mathieu Justine (Babylas/Rigobert [1], Gustave [2])
Orchestre de l’Opéra de Toulon, Chloé Dufresne (direction musicale)
Yves Coudray (mise en scène), Nicola Delas (décors), Michel Ronvaux (costumes), Gwennoline Ledain (lumières)


M. Justine & A. Tatti (© Christian Dresse)


Il aura fallu cette initiative de la Régie culturelle de la Région Sud et des Opéras de Toulon, Nice, Marseille, et Avignon pour que beaucoup (dont ce chroniqueur) découvrent l’existence du compositeur et chef d’orchestre français Gaston Serpette (1846-1904) dont l’œuvre dormait dans des cartons depuis plus de cent ans. Après un Prix de Rome en 1871 pour sa cantate Jeanne d’Arc, qu’on imagine très sérieuse (à moins qu’une imagination iconoclaste et blasphématoire n’ait fait de l’héroïne une Brésilienne cousue d’or, la sœur d’un mousquetaire égaré dans un couvent, ou la maîtresse d’un âne cheminant et trottinant), Serpette consacrera exclusivement le reste de sa carrière au genre léger. La trentaine d’opérettes et d’opéras-bouffes qu’il a composés ont tous sombré dans l’oubli le plus total, l’téléfon n’ayant pas daigné sonner pour Gaston pendant un siècle. Il faut dire que les créations parisiennes se sont faites dans l’ombre d’un Offenbach, Hervé, Chabrier, Planquette, ou autre Lecocq, au sommet de leur art et de leur popularité. Certaines œuvres ont été adaptées pour le public londonien ou new-yorkais, du vivant de Serpette, sans toutefois faire florès. A notre connaissance, le seul enregistrement existant est celui de l’ouverture de son opéra-bouffe La Branche cassée (1874).


Ce Singe d’une nuit d’été est proposé avec une autre pièce légère, Pomme d’Api (1873) d’Offenbach, régulièrement présentée en France et à l’étranger. Surtout connue pour son hilarant trio du gril, l’œuvre n’est pas snobée par les grands chanteurs, tels Frederica von Stade, Felicity Lott, Mady Mesplé, Jean-Philippe Laffont, ou, plus récemment, Florian Laconi. Ici, Rabastens, un fantasque rentier, lutine sa nouvelle (fausse) domestique Catherine dont son neveu Gustave est épris, mais que le barbon ne voulait pas qu’il épouse.


Le Singe d’une nuit d’été (1886), dont la partition a été orchestrée pour cette résurrection par les étudiants du Conservatoire Toulon Provence Méditerranée (CTPM) sous la houlette de leur professeur Laurent Melin (lire ici), est une opérette en un acte. Elle met en scène Atala, circassienne éplorée, son époux Rigobert ayant disparu depuis six mois, et Babylas, singe savant qui apparaît ex cathedra dans la loge de la dompteuse. Il n’est autre que le mari déguisé en primate, essayant de savoir si son épouse lui a été fidèle pendant son absence.


Si le traitement du sujet de Pomme d’Api fait penser à Feydeau, celui du Singe d’une nuit d’été s’appuie sur un comique au premier degré qui n’est pas sans rappeler Chaplin, dans Le Cirque, précisément. La musique est d’une vivacité plaisante mais l’œuvre est si courte qu’on se garderait bien de porter un jugement sur le talent musical de ce compositeur dont quatre-vingt-dix-neuf pour cent de l’œuvre reste encore à redécouvrir.


La mise en scène d’Yves Coudray est enlevée et le décor de Nicola Delas réunit efficacement ces deux pièces par une structure unique dont les accessoires changent à vue pour passer de la loge de la dompteuse à l’intérieur bourgeois de Rabastens.


La prestation vocale de ces jeunes chanteurs est digne d’éloges, chacun se montrant tour à tour effronté ou facétieux, avec un enthousiasme contagieux et une indéniable musicalité. L’irrésistible «trio du gril» fait mouche et l’air de Catherine «J’en prendrai un, deux, trois, quatre, cinq ...» est interprété par la sémillante Clara Leloup avec l’impertinence et la verve souhaitées. Quant à Amélie Tatti et Matthieu Justine, ils sont parfaits dans le duo final du Singe d’une nuit d’été dont l’écriture musicale est une délicieuse friandise.


On notera que pour chacune des villes dans lesquelles se produira ce spectacle (il a été présenté à Marseille en octobre dernier), deux séances sont réservées au jeune public. Et qui sait, peut-être certain artiste en herbe, grâce à ce petit échantillon, osera-t-il un jour poursuivre cette démarche d’exhumation d’une partie de notre patrimoine musical. La compagnie Les Brigands devrait, en tous les cas, y songer.



Christian Dalzon

 

 

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