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Des Mousquetaires divertissants

Toulon
Opéra
12/27/2015 -  et 29, 31 décembre 2015
Louis Varney : Les Mousquetaires au couvent
Laurence Guillod (Marie de Pontcourlay), Eléonore Pancrazi (Louise de Pontcourlay), Carole Meyer (Simone), Cécile Galois (Sœur Opportune, Madame Prichard), Nicole Monestier (La mère supérieure), Sébastien Guèze (Gontran de Solanges), Marc Canturri (Narcisse de Brissac), Frédéric Goncalves (L’abbé Bridaine), Jérôme Deschamps (Le gouverneur), Ronan Debois (Rigobert), Safir Behloul (Pichard), Jean-Yves Lange (Langlois), Didier Siccardi (Farin), Antoine Abello, Jean Delobel (Les moines), Martine Favereau, Elisabeth Lange (Les marchandes de fleurs), Rosemonde Bruno la Rotonda, Sylvie Gigliotti (Les marchandes de gâteaux), Naomi Couquet (Agathe), Emilie Cavallo (Blanche), Marion Schurr (Isabelle)
Paul Canestraro (Figurant)
Orchestre et Chœur de l’Opéra de Toulon, Christophe Bernollin (chef de chœur), Orchestre de l’Opéra de Toulon, Jean-Pierre Haeck (direction musicale)
Jérôme Deschamps (mise en scène), Glyslein Lefever (chorégraphie), Laurent Peduzzi (décors), Vanessa Sannino (costumes), Marie-Christine Soma (lumières)


(© Frédéric Stéphan)


Le divertissement de fin d’année n’empêche aucunement de mettre à l’honneur un répertoire négligé. L’Opéra de Toulon le démontre éloquemment avec une jolie rareté de Louis Varney, Les Mousquetaires au couvent, que la maison varoise avait invitée sur sa scène il y a quinze ans. Réglée par Jérôme Deschamps, la présente mise en scène, étrennée à Lausanne, accomplit, sans minauderie, la geste parodique de l’ouvrage, où des échos tutoyant le Tannhäuser de Wagner se mêlent à une valse pastichant La Belle Hélène d’Offenbach.


Dans les costumes excentriques dessinés par Vanessa Sannino et les décors non moins chamarrés de Laurent Peduzzi, les zygomatiques ne méprisent aucun registre, du burlesque au boulevard, en passant par des calembours dont on ne boudera pas la facilité, à l’instar de Jérôme Deschamps, alias le Gouverneur, aux non moins réjouissants excès de jeu, interrogeant l’abbé Bridaine sur ses liens avec l’agro-alimentaire du saucisson Justin Bridou. Impossible d’oublier le Christ sautant de la croix pour sa pause déjeuner, suscitant l’hébétude de l’homme d’église en visite au couvent, que la Mère supérieure s’empresse de rassurer: derrière la farce grossière, les conventions dévoilent leur nécessaire et désopilante facticité, et l’on ne s’étonne point d’entendre le retour au labeur scolaire se faire à l’enseigne de Chatiliez et «Jésus revient parmi les siens» – après le repas, l’emprunt furtif à La vie est un long fleuve tranquille ne saurait être ici davantage de circonstance. Les chorégraphies enlevées de Glyslein Lefever ne gâtent aucunement la cohérence de l’ensemble.


Sans doute au diapason des préférences de l’électorat local, Sébastien Guèze grime, à l’occasion, son Gontran de Solanges en ancien président de la République à talonnettes, tandis que sa juvénile ardeur s’épanouit jusqu’aux limites de la joliesse. Marc Canturri révèle un Narcisse de Brissac au bagout convaincant. Frédéric Goncalves incarne un abbé Bridaine en bonne vocalité, assaisonnant la saveur du personnage par une bonhomie un rien gauche çà et là. Eléonore Pancrazi instille à Louise de Pontcourlay tout le piquant que l’on y attend, soutenu par une fraîcheur évidente. Sur ce dernier point, Laurence Guillod ne lui cède en rien, auréolant sa sœur, Marie de Pontcourlay, d’une candeur rêveuse sinon éthérée. Carole Meyer livre une Simone à la gouaille équilibrée, quand Cécile Galois passe de la rusticité sans façon de Madame Pichard aux minauderies de Sœur Opportune, sages si on les compare aux exubérances calculées de la Mère supérieure jouée par Nicole Monestier. Le Rigobert de Ronan Debois n’ignore point les planches, et Safir Behloul, en Pichard, pas davantage. Préparés par Christophe Bernollin, les chœurs fournissent les effectifs complémentaires de domesticité, moines et autres marchandes, tandis que la direction de Jean-Pierre Haeck privilégie, par sagesse, l’intégrité de la partition.



Gilles Charlassier

 

 

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