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Une reprise plébiscitée

Toulon
Opéra
05/17/2015 -  et 19*, 22 mai 2015
Giuseppe Verdi : Simon Boccanegra
Cellia Costea (Amelia), Dario Solari (Simon Boccanegra), Hector Sandoval (Gabriele Adorno), Wojtek Smilek (Jacopo Fiesco), André Heyboer (Paolo Albiani), Federico Benetti (Pietro)
Chœur de l’Opéra de Toulon, Christophe Bernollin (préparation), Orchestre de l’Opéra de Toulon, Giuliano Carella (direction)
Gilles Bouillon (mise en scène), Nathalie Holt (scénographie), Marc Anselmi (costumes), Michel Theuil (lumières)


(© Frédéric Stéphan)


Tous les opéras de la «seconde période» de Verdi, Simon Boccanegra reste le plus méconnu. Son intrigue passablement compliquée et les invraisemblances de son livret, associées à une musique qui est presque continue et d’où ne se détachent quasiment pas d’airs spectaculaires et destinés à servir les chanteurs, en font une œuvre encore difficile pour le grand public – on connaît les déboires de sa création et sa révision, plus de vingt ans après, par Verdi lui-même. Pourtant, derrière la couleur sombre dans laquelle baigne tout le drame et par-delà les rebondissements rocambolesques de son histoire, perce une lumière humaniste qui est parfaitement représentative de la pensée de son auteur.


La production qui investit pour trois soirs le plateau de l’Opéra de Toulon est celle conçue par Gilles Bouillon pour l’Opéra de Tours en 2011. Nous ne reviendrons pas sur la proposition scénique analysée dans nos colonnes lors de sa reprise, il y a deux mois, dans la maison voisine d’Avignon, si ce n’est pour dire qu’elle nous a semblé mieux fonctionner encore sur le vaste plateau de l’Opéra de Toulon, deuxième plus grand théâtre lyrique de province après celui de Marseille.


Comme toujours, les voix ont été judicieusement choisies – à une réserve près – par l’infatigable Claude-Henri Bonnet. Dans le rôle-titre, pour Franck Ferrari initialement annoncé, Dario Solari campe un Simon d’un bel aplomb et d’une belle solidité: le baryton urugayen possède un timbre racé et une réelle musicalité qui lui permet de nombreuses nuances, mais surtout ce surplus d’humanité qui fait qu’il est pleinement le personnage. Cellia Costea, en Amelia, fait également démonstration de grands moyens. La voix de la soprano roumaine est large, bien conduite, souple, mais peut-être ces emplois de sopranos verdiens (surtout de la nature d’Amelia) ne la trouvent-ils pas à son meilleur, et serait-elle plus à sa place dans le répertoire puccinien.


La basse polonaise Wojtek Smilek, en revanche, confirme les défauts qui entachaient son Fiesco à Avignon: une voix manquant de projection, de legato et de profondeur. Mais le ténor mexicain Hector Sandoval est quant à lui un Adorno prometteur, très engagé et motivé, au timbre généreux et à l’aigu épanoui. André Heyboer campe un Paolo conspirateur à souhait, et les autres rôles sont bien tenus, mais il faudra en revanche déchanter avec un chœur maison qui manque cruellement de concentration et de précision ce soir.


La qualité de la prestation orchestrale est sans nul doute à mettre à l’actif de Giuliano Carella qui, scrupuleusement suivi dans ses intentions par les musiciens, rend la sombre ardeur de la partition en sonorités puissamment modelées et empreintes de mystère. La contribution des cordes – notamment – se signale par une vigoureuse plasticité.


Une soirée plébiscitée – à juste-titre – par le public toulonnais!



Emmanuel Andrieu

 

 

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