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Les voix et l’orchestre d’abord

Toulon
Opéra
11/14/2014 -  et 16, 18* novembre 2014
Gaetano Donizetti : Anna Bolena
Ermonela Jaho (Anna Bolena), Kate Aldrich (Giovanna Seymour), Simon Orfila (Enrico VIII), Ismael Jordi (Riccardo Percy), Svetlana Lifar (Smeton), Thomas Dear (Rocheford), Carl Ghazarossian (Hervey)
Chœur de l’Opéra de Toulon, Christophe Bernollin (chef de chœur), Orchestre de l’Opéra de Toulon, Giuliano Carella (direction musicale)
Marie-Louise Bischofberger (mise en scène), Erich Wonder (décors), Kaspar Glarner (costumes), Bertrand Couderc (lumières)


(© Frédéric Stéphan)


Etrennée en mai dernier à Bordeaux, la production d’Anna Bolena due à Marie-Louise Bischofberger s’invite, un semestre plus tard, sur la scène de l’Opéra de Toulon. Le graphisme n’en a guère évolué, même si les différences de dimensions du plateau provençal par rapport à son prédécesseur aquitain modifient quelque peu la perception d’ensemble, accentuant l’éclairage sur les protagonistes, et évacuant dans les coulisses mémorielles sinon matérielles le souvenir de la forme en point d’exclamation. Le fond du décor évolue dans un flou de lignes rouges ou bleutées qui pourraient laisser deviner des négatifs de baraquements urbains pendant le temps d’exposition. On retrouve le bronze du fauteuil royal, plus cabossé que poli. A n’en pas douter, l’image sert davantage d’écrin que de contrepoint au chant.


L’attention se porte d’ailleurs justement sur le plateau vocal. Moins imposante sans doute qu’Elsa van den Heever, Ermonela Jaho fait montre d’une constance et d’une homogénéité indéniables sur l’ensemble de la tessiture, et imprime à l’héroïne éponyme plus d’angoisse et de fragilité tourmentée que de souveraineté. Sa folie emprunte sa déchéance davantage à l’épouse bafouée qu’à la reine condamnée. Kate Aldrich lui donne belle réplique en Giovanna Seymour. Son imploration n’est pas toujours dénuée de calcul: la rondeur et la chaleur du timbre ne brident pas pour autant les contrastes à l’œuvre dans la psychologie de la dame de compagnie. Nonobstant quelques passages en poitrine peut-être plus androgynes que nécessaire, Svetlana Lifar incarne un Smeton équilibré qui recueille un succès mérité.


Côté messieurs, Ismael Jordi s’avère une excellente surprise en Percy. Si l’on excepte quelques aigus un peu justes, parfois à la limite de la fêlure, on ne peut que saluer l’évolution du ténor espagnol. L’émission et le souffle ont gagné en aisance, la ligne s’est assouplie, arrondissant l’éclat sans en altérer l’impact. La crédibilité de sa présence juvénile ne peut que s’en trouver magnifiée. L’Enrico de Simon Orfila privilégie la solidité et le poids de son baryton-basse plutôt nasal, avare ça et là en nuances et presque toujours en élégance. Thomas Dear ne démérite nullement en Rocheford, même si le costume lui inflige des coquettes opticiennes discutables, tandis que Carl Ghazarossian respire l’effort en Hervey.


Si l’on ne manquera pas de saluer les chœurs préparés par Christophe Bernollin, il est bien un pupitre où Toulon dame le pion à Bordeaux: celui du chef. Giuliano Carella, fin connaisseur de l’italianità, insuffle à la partition une vitalité généreuse et cisèle remarquablement les solos au sein de l’orchestre, toujours au service de l’expressivité musicale. Donizetti sonne ainsi avec l’intelligence qui n’aurait jamais dû lui être confisquée. Une fois de plus, sous l’impulsion de son directeur musical, l’Orchestre de l’Opéra de Toulon sait se hisser au meilleur de lui-même, un niveau où il peut soutenir la comparaison avec les autres phalanges françaises.



Gilles Charlassier

 

 

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