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Fidélité sisteronaise Sisteron Cathédrale Notre-Dame-des-Pommiers 08/01/2014 - Johann Sebastian Bach : Johannes-Passion, BWV 245 Vincent Lièvre-Picard (Evangelista), Fabrice Hayoz (Jesus), Charlotte Müller Perrier (soprano, Ancilla), Jean-Michel Fumas (contre-ténor), Christophe Einhorn (ténor, Servus), Jean-Luc Waeber (baryton, Pilatus, Petrus)
Ensemble vocal et instrumental de Lausanne, Michel Corboz (direction)
Après une édition 2013 marquée par l’annulation de deux des six spectacles en raison de mauvaises conditions météorologiques, les Nuits de la citadelle reviennent, toujours sous la présidence d’Edith Robert, pour une cinquante-neuvième édition qui, du 21 juillet au 12 août, célèbre comme de coutume plusieurs disciplines. Les sept soirées, dont trois en plein air au pied des hautes murailles dressées par Vauban, associent en effet théâtre (Zelda et Scott de Renaud Meyer), danse (le Ballet Yakobson de Saint-Pétersbourg avec des solistes invités des Mariinsky et Mikhaïlovsky) et, bien sûr, musique: Les Violoncelles français, David Greilsammer et la Camerata de Genève, Richard Galliano et son quintette, András Keller à la tête de son Concerto Budapest (ex-Orchestre symphonique hongrois) avec Pavel Sporcl, et, fidèle parmi les fidèles du festival, faisant même cette année la couverture de la brochure, Michel Corboz, pour la quinzième fois à Sisteron, avec l’Ensemble vocal et instrumental de Lausanne dont il fut le directeur musical de 1961 à 2012.
Une fois de plus, il n’a pas eu de peine à attirer un très nombreux public en la cathédrale Notre-Dame-des-Pommiers (XIIIe). Hors saison – mais pourquoi ne faudrait-il entendre les Passions de Bach que durant la Semaine sainte? – il donne la Saint Jean de Bach, une œuvre manifestement chère à son cœur, puisqu’il l’a choisie (avec une distribution vocale entièrement différente) pour la célébration officielle, le 14 novembre prochain à Lausanne, de ses 80 ans (qu’il a déjà atteints le 14 février dernier). En bonne forme physique, le chef se sert peu de la chaise haute installée devant son pupitre et ne ménage pas même une pause dans ces près de 2 heures de musique – la seule interruption est fortuite, le clavier de l’orgue étant resté bloqué, sans doute en raison de la chaleur. Dans une acoustique qui ne met malheureusement pas en valeur le contrepoint dès que le tempo est rapide, Corboz confère un puissant élan dramatique au récit, depuis la grandeur du chœur introductif jusqu’aux vifs échanges entre groupes vocaux et solistes en passant par de vigoureuses progressions. Même les chorals n’apportent pas de répit, qui ne vient qu’après la mort du Christ, amenant un changement complet de climat, celui du recueillement et de la méditation.
V. Lièvre-Picard
Michel Corboz dispose d’un atout précieux grâce à ses vingt-quatre chanteurs, qui le suivent avec une parfaite flexibilité et se montrent à la hauteur la fonction capitale qui leur est dévolue tout au long de la Passion selon saint Jean. A ses côtés au devant des musiciens, les rôles principaux sont fort bien tenus par Fabrice Hayoz (Jésus) et Jean-Luc Waeber (Pierre puis Pilate), ce dernier par ailleurs d’une solidité et d’une assurance impeccables dans les airs de basse. Sur la droite avec le continuo, Vincent Lièvre-Picard fait très forte impression en Evangéliste, expressif, très habité, d’une précision irréprochable, avec des aigus faciles et nullement détimbrés. Assis entre l’orchestre et le chœur, les trois autres solistes montent sur une haute estrade centrale pour leurs interventions et airs successifs: la soprano Charlotte Müller Perrier, très agréable et musicale, l’emporte assurément sur le contre-ténor Jean-Michel Fumas, à la voix très tendue et se projetant mal, plus à l’aise dans «Es ist vollbracht» que dans «Von den Stricken meiner Sünden», et sur le ténor Christophe Einhorn, pas toujours très juste et stylistiquement déroutant.
Le site des Nuits de la citadelle
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Simon Corley
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