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Du préromantisme au postromantisme Oviedo Cloître du Musée archéologique 07/29/2014 - Ludwig van Beethoven : Sonate pour violoncelle et piano n° 2 en sol mineur, opus 5 n° 2
Franz Schubert : Sonate en la mineur, D. 821, «Arpeggione»
Serguei Rachmaninov : Sonate pour violoncelle et piano en sol mineur, opus 19 Adolfo Gutiérrez Arenas (violoncelle), Christopher Park (piano)
(© Stéphane Guy)
Il est heureux que la crise économique ne soit pas parvenue à tuer le festival de musique de la capitale des Asturies, Oviedo, même si l’on doit déplorer que ses organisateurs persistent, comme on l’a relevé à plusieurs reprises dans ces colonnes, à retenir des lieux parfaitement inappropriés, au risque de décourager artistes et mélomanes. Pas moins de dix-sept concerts étaient en effet prévus entre début juillet (concert de Philip Glass) et fin août.
Le concert du 29 juillet était l’occasion de retrouver un violoncelliste espagnol mais né et formé en Allemagne, Adolfo Gutiérrez Arenas. ConcertoNet avait pu l’entendre déjà à deux reprises à Oviedo, la dernière fois en 2007. Ce soir, il jouait en compagnie d’un pianiste germano-coréen né en 1987, Christopher Park, dans un superbe cloître gothico-renaissant aux pierres blondes et enduits ocrés animés de blasons mais à la réverbération insupportable et ne réservant une visibilité qu’à la moitié du public, celui-ci étant placé sous les ogives tandis que les artistes étaient positionnés dans un angle sur une maigre estrade.
(© Stéphane Guy)
Nonobstant ces conditions vraiment peu idéales, les interprètes offrirent un beau programme. Ils débutèrent en effet par la Deuxième Sonate (1796) de Ludwig van Beethoven (1770-1827). Ils l’abordèrent avec une grande prudence, la pédale forte du pianiste lui jouant des mauvais tours compte tenu de l’acoustique des lieux. Sérieux, peut-être même un peu trop, notamment dans l’Allegro central, ils démontrèrent une belle cohérence, un indéniable sens de l’équilibre et une grâce certaine, le toucher du pianiste se révélant aussi léger que le violoncelliste était précis et d’une constante musicalité, le duo faisant preuve d’une plus grande spontanéité dans le mouvement final, parfaitement réussi. On ne pouvait dès lors que relever l’impressionnante progression d’Adolfo Gutiérrez Arenas depuis ses débuts à Oviedo. Assurément le fruit d’un travail acharné.
La Sonate (1824) de Franz Schubert (1797-1828) était l’occasion d’admirer la virtuosité du violoncelliste, notamment l’agilité de sa main gauche. N’abusant pas d’alanguissements, toujours juste de ton, malgré quelques accentuations excessives de traits dans le deuxième mouvement, il rivalisait d’esprit et de finesse au moyen de son Ruggieri de 1673 (d’après la presse du jour) avec un Christopher Park sobre de bout en bout.
La seconde partie fut entièrement consacrée à l’immense (plus d’une demi-heure) mais autant bavarde que décadente Sonate (1901) de Serguei Rachmaninov (1873-1943). Le violoncelliste parvint à résister à la puissance du piano, volontiers impérialiste, sans cesser d’être voluptueux. Evitant tout épanchement exagéré, les artistes furent plus passionnés que fougueux dans le dernier mouvement mais sans se départir d’une belle homogénéité, manifestant un bonheur de jouer ensemble tout à fait communicatif. Sans trop se faire prier, ils offrirent alors en bis, avant que le fracas des chaises en plastique des partants ne se déchaîne, en l’expédiant quelque peu, la deuxième des Cinq pièces pour violoncelle et piano de Robert Schumann.
Stéphane Guy
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