About us / Contact

The Classical Music Network

La Roque

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Boulimie pianistique

La Roque
Parc du château de Florans
07/27/2014 -  et 31 juillet 2014 (Monte-Carlo)
Claude Debussy : Prélude à l’après-midi d’un faune – La Mer
Ludwig van Beethoven : Triple Concerto, opus 56

Vadim Repin (violon), Alexander Kniazev (violoncelle), Nikolaï Lugansky (piano)
Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, Kazuki Yamada (direction)




Quoi de neuf à La Roque d’Anthéron? On serait tenté de répondre à la fois «Rien» et, dans le même élan, «Tant mieux», au vu du programme de la trente-quatrième édition, qui conjugue de manière toujours aussi réussie quantité et qualité. Car du 18 juillet au 17 août, si les boulimiques du clavier ne trouvent pas à se rassasier, c’est à désespérer: le directeur artistique, René Martin, comme de coutume, a réuni, à raison d’un à trois concerts par jour répartis sur les huit scènes du festival, dans les Bouches-du-Rhône et même dans le Vaucluse voisin, la fine fleur des pianistes, sans oublier le clavecin, l’orgue, la musique de chambre, le jazz et les jeunes artistes en résidence ayant bénéficié des classes de maître de Claire Désert, Christian Ivaldi, Emmanuel Strosser et du Trio Wanderer.


Pour rendre justice au répertoire concertant, les orchestres ont également droit de cité à La Roque d’Anthéron, même s’ils n’ont pas toujours constitué le point fort d’une affiche par ailleurs de très haut niveau. Avant l’Orchestre de chambre de Bâle, l’Orchestre régional Avignon Provence, la Philharmonie Provence Méditerranée, le Sinfonia Varsovia, l’I, CULTURE Orchestra, l’Ensemble instrumental de Lausanne et l’Orchestre Tchaïkovski de Moscou, c’est l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo qui vient pour deux soirées consécutives. Et ce n’est pas seulement pour jouer les utilités, puisque pour chacun de ces (courts) programmes, une partie lui est intégralement dévolue et qu’il se présente avec Kazuki Yamada (né en 1979), qui en deviendra officiellement le mois prochain le «chef principal invité» (fonctions qu’il exerce déjà par ailleurs depuis deux ans auprès de l’Orchestre de la Suisse romande).



V. Repin, A. Kniazev, N. Lugansky (© Florian Burger)


Le courant passe visiblement entre le chef et ses musiciens, présageant d’une collaboration prometteuse dans les années à venir. Mais la première partie, entièrement consacrée à Debussy, n’en laisse pas moins perplexe. Très – et même trop – travaillé, le Prélude à l’après-midi d’un faune (1894) souffre d’un discours fragmenté et de phrasés étirés à l’extrême, soulignant davantage la dimension lyrique de l’œuvre que sa progression dramatique. Le chef japonais possède un métier indéniable, mais la même tentation de ralentir et de compliquer excessivement les choses se retrouve dans La Mer (1905): difficile de savoir où il veut en venir, d’autant qu’il n’hésite pas à recourir à des effets faciles et à grossir le trait – on n’est pas certain que Debussy aurait souhaité que sa musique sonne comme du Mahler, voire du John Williams. En outre, sans doute en raison de conditions de jeu inhabituelles pour l’orchestre, intermédiaires, sous la fameuse conque, entre une salle et le plein air, un équilibre satisfaisant entre les pupitres n’est pas toujours assuré, certains d’entre eux – cors, percussion – ayant tendance à ressortir bien au-delà du raisonnable.


Mais si pas une seule place ne reste libre sur les gradins, c’est pour la venue d’une prestigieuse association de virtuoses russes dans le Triple Concerto (1804) de Beethoven, placé à dessein en seconde partie de soirée. Cela étant, comme souvent, ces castings prometteurs sur le papier tiennent du mariage de la carpe et du lapin: rien de commun, en effet, entre la finesse de Vadim Repin, à la justesse néanmoins incertaine, le débraillé, jusque dans sa tenue vestimentaire, d’Alexander Kniazev, qui en fait des tonnes, et la classe, la force de l’évidence de Nikolaï Lugansky, qu’on n’a pas toujours entendu aussi impliqué et épanoui, mordant à belles dents dans la partition. Hormis peut-être durant la parenthèse du Largo central, l’engagement collectif ne sauve cependant pas une partition bancale et peu inspirée. Toutefois, les solistes ont manifestement passé un bon moment et le public aussi, qui en redemande mais n’obtient en bis que la coda du Finale.


Le site du festival de La Roque d’Anthéron
Le site de Kazuki Yamada
Le site de Vadim Repin
Le site de l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com