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Trois stratagèmes pour deux barons Geneva Casino-Théâtre 07/08/2014 - et 9*, 11, 12 juillet 2014 Domenico Cimarosa : I due baroni di Rocca Azzurra Carine Séchaye (Madame Laura), Laurence Guillod (Sandra), Roger Padullés (Franchetto), Francesco Salvadori (Totaro), Michele Govi (Demofonte)
L’Orchestre de Chambre de Genève, Franco Trinca (direction musicale)
Francesco Bellotto (mise en scène), Piera Ravasio (assistante à la mise en scène), Angelo Sala (scénographie et costumes)
(© Jean-Rémy Berthoud)
Domenico Cimarosa (1749-1801) est surtout connu des mélomanes pour son Matrimonio segreto (1792), le seul opéra qui, le soir de la première au Burgtheater de Vienne, a été rejoué intégralement, sur demande de la cour. Les nombreux autres ouvrages lyriques du compositeur napolitain sont aujourd’hui tombés dans l’oubli. Il faut donc savoir gré à l’Opéra de Chambre de Genève et à L’Orchestre de Chambre de Genève d’avoir uni leurs forces pour exhumer une véritable rareté, I due baroni di Rocca Azzurra (1783). Le livret raconte l’histoire d’un frère et d’une sœur, Franchetto et Sandra, qui s’ingénient à profiter de la crédulité de deux barons vivant retirés dans leur château, un oncle et son jeune neveu. De stratagème en stratagème, les deux intrigants essaient de faire en sorte que la sœur épouse le neveu pour devenir noble, mais leurs intentions sont contrecarrées par une belle inconnue promise au neveu, Madama Laura.
Pour le metteur en scène, Francesco Bellotto, tout dans I Due Baroni n’est qu’illusion. La réalité n’est jamais ce que l’on voit et les personnages se révèlent à chaque fois sous une lumière différente, d’où un décor dominé par deux immenses miroirs. Franchetto est vu comme un magicien qui tire les ficelles du jeu ; à la fin de la représentation cependant, il perd sa baguette magique et se retrouve tout seul, alors que les autres protagonistes sont devenus deux couples, le vieux baron ayant finalement accepté d’épouser Sandra. Même si les stratagèmes, au nombre de trois, finissent par lasser un peu et que la musique, elle aussi, a tendance à se répéter, on n’en demeure pas moins fasciné par la force rythmique et l’énergie qui se dégagent de la partition de Cimarosa ainsi que par le souffle qui anime chacune des courtes scènes de l’ouvrage. A la tête de L’Orchestre de Chambre de Genève, Franco Trinca mène le bal avec conviction. La distribution est formée de jeunes chanteurs de la région, à la tête de laquelle il convient de placer Carine Séchaye, Madama Laura de grande classe, prête à démasquer les intrigants coûte que coûte. On mentionnera également Laurence Guillod, en Sandra espiègle et tout aussi déterminée que sa rivale, et Michele Govi en Demofonte goguenard et truculent. Une belle soirée pour une belle découverte !
Claudio Poloni
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