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Week-end de ballets à Biarritz

Biarritz
Gare du Midi
07/05/2014 -  et 6* juillet 2014

5 juillet
Léon Minkus/Rudolf Noureev Don Quichotte: Acte III, scène 2
Ballet du Capitole de Toulouse
Antonio Vivaldi/Thierry Malandain: Estro (création)
Malandain Ballet Biarritz
Carl Orff/Mauricio Wainrot: Carmina Burana
Ballet de l’Opéra national de Bordeaux


6 juillet
Léon Minkus/Rudolf Noureev: Don Quichotte: Acte III, scène 2
Piotr Ilyitch Tchaïkovski/Rudolf Noureev: La Belle au Bois dormant, opus 66: Pas de deux – Le Lac des cygnes, opus 20: Pas de trois du Cygne noir
Serge Prokofiev/Rudolf Noureev: Roméo et Juliette, opus 64: Extrait de l’acte I

Ballet du Capitole de Toulouse
Antonio Vivaldi/Thierry Malandain: Estro (création)
Malandain Ballet Biarritz



Le Ballet du Capitole de Toulouse (© Olivier Houiex)


Les trois grandes compagnies de danse du Sud-Ouest se sont réunies à Biarritz le temps d’un week-end à l’invitation du Malandain Ballet Biarritz pour donner deux spectacles exceptionnels et, au-delà, créer un «pôle de coopération» permettant une réflexion commune sur les besoins des professionnels de la danse aujourd’hui en concertation avec les autorités culturelles nationales. Les trois chorégraphes directeurs respectifs des compagnies de danse de Toulouse, Bordeaux et Biarritz, Kader Belarbi, Charles Jude et Thierry Malandain, tous anciens danseurs du Ballet de l’Opéra de Paris, ont ainsi concocté deux généreux programmes présentés à un public enthousiaste à la Gare du Midi de Biarritz, comme un avant-goût du festival Le Temps d’aimer la danse qui s’y déroule à la fin de l’été (cette année du 12 au 21 septembre).


Curieux choix pour le Ballet du Capitole de Toulouse que de présenter un extrait de l’acte III de Don Quichotte, sa scène 2, soit une petite scène de genre qui fait briller la compagnie pendant 10 minutes et le grand Pas de deux de Kitri et Basilio, qui n’engage que les solistes. D’autant que le second programme reprenait cette scène complétée par trois pas de deux du répertoire classique. C’est plus ses solistes que Kader Belarbi avait décidé de présenter que sa compagnie qui possède pourtant plus intéressant à son répertoire (on pense au rare Corsaire, véritable rareté qu’il a récemment remontée) que ce Don Quichotte, malgré les très beaux décors du peintre Emilio Carcano que Nicolas Joel avait commandés en 2006 pour cette nouvelle production. La compagnie a semblé danser de façon assez mécanique et les solistes n’ont pas entièrement convaincu, pas plus Takafumi Watanabe, Basilio sans grand engagement les deux soirs, que Julie Charlet et Laureen Kennedy, toutes deux bonnes techniciennes mais ne possédant pas le mordant qui fait la différence pour briller dans Kitri. On s’est pris à regretter Maria Guttierez, qui excellait dans ce rôle à Toulouse, mais c’est elle qui a remonté le niveau lors du second spectacle en dansant avec une légèreté infinie et beaucoup de tendresse et de poésie la scène d’amour de l’acte I de Roméo et Juliette, dans la chorégraphie de Noureev, avec le très bon David Galstyan. On n’a pas non plus été ébloui par les performances de Silvia Selvini et Evgueni Dokoukine dans le pas de deux d’Aurore et Désiré de La Belle au Bois dormant, ni par le trio formé par Julie Charlet (meilleure en cygne noir qu’en Kitri), Shizen Kazawa et Maksat Sydkov dans le pas de trois du Cygne noir du Lac de Noureev. On a connu, in loco, à la troupe du Capitole des jours meilleurs.



Le Ballet de l’Opéra national de Bordeaux (© Olivier Houiex)


Bordeaux, en revanche, avait choisi de faire briller sa troupe avec la superbe chorégraphie que l’Argentin Mauricio Wainrot a réglée en 1998 pour le Ballet royal de Flandre sur les Carmina Burana de Carl Orff. Excellent choix! Organisée en plusieurs tableaux selon le découpage musical, cette chorégraphie très virtuose montre d’abord une ronde, qui évoque la roue de la Fortune, de danseurs habillés de jupes longues multicolores. Puis elle se fait plus narrative pour évoquer les épisodes suivants, notamment la taverne et ses chants grivois. On est cependant plus dans le charme et l’humour que dans la violence qui conviendrait à certains des poèmes. La fin est plus spectaculaire, avec l’utilisation de grands panneaux translucides qui permettent des jeux étonnants grâce aux éclairages très judicieux de François Saint-Cyr. Une pièce remarquable qui permet aux individualités de certains solistes de se fondre dans un travail de troupe admirable.



Le Malandain Ballet Biarritz (© Olivier Houiex)


Le Malandain Ballet de Biarritz offrait en avant-première la nouvelle chorégraphie de son directeur artistique, qui va être créée en automne à Saint-Sébastien puis à Reims. Reprenant l’idée à John Cranko, qui avait réglé en 1963 pour le Ballet de Stuttgart une chorégraphie extrêmement complexe sur l’Estro armonico de Vivaldi qu’il avait eue l’occasion d’interpréter, Thierry Malandain a réalisé un montage de trois des concertos de cet Opus 3 de Vivaldi avec des extraits de son Stabat Mater, superbe support pour une chorégraphie à la fois brillante et émouvante. Les extraits les plus poignants du Stabat Mater (dans l’interprétation poignante de Philippe Jaroussky) sans illustrer au pied de la lettre la descente de croix, sont une belle réflexion sur la souffrance corporelle et la douleur morale de ceux qui y assistent. Entre ces épisodes douloureux, la vie reprend le dessus en une danse extrêmement jubilatoire dans laquelle on retrouve l’extraordinaire inventivité du chorégraphe, son habileté à tirer le meilleur de ses excellents danseurs et un fourmillement d’idées dont celle d’utiliser les accessoires, ici des tabourets qui sont des pots de peinture habilement recyclés en lanternes chinoises, n’est pas la moindre.


Beau départ donc pour le Pôle de coopération chorégraphique du Grand Sud-Ouest et espoir d’une fructueuse collaboration allant, qui sait, au-delà de la présentation de spectacles individuels?



Olivier Brunel

 

 

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