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Nicolas Le Riche tire sa révérence

Paris
Opéra Bastille
06/30/2014 -  et 1er, 3, 5, 8, 10, 11, 13, 15, 16 juillet 2014
Roland Petit/Maurice Jarre : Notre-Dame de Paris
Eleonora Abbagnato*/Amandine Albisson/Ludmila Pagliero/Alice Renavand (Esméralda), Stéphane Bullion/Nicolas Le Riche*/Karl Paquette (Quasimodo), François Alu/Audric Bezard/Josua Hoffalt* (Frollo), Florian Magnenet*/Fabien Revillion/Yann Saïz (Phoebus), Ballet de l’Opéra national de Paris
Orchestre national d’Ile-de-France, Kevin Rhodes (direction musicale)
René Allio (décors), Yves Saint Laurent (costumes), Jean-Michel Désiré (lumières)


N. Le Riche (© Anne Deniau/Opéra national de Paris)


Le 9 juillet au Palais Garnier, lors d’une soirée de gala exceptionnelle dont le Ballet de l’Opéra de Paris a le secret et qui sera retransmise dans trois cinémas parisiens ainsi qu’en streaming sur les site d’Arte et de l’Opéra de Paris, le danseur étoile Nicolas Le Riche, atteint par l’âge de la retraite, tirera sa révérence à la compagnie dans laquelle il a débuté à l’âge de 16 ans et dont il est un des derniers à avoir été promu par Rudolf Noureev. En attendant, une page se tourne avec la reprise sur la scène bastillane du rôle de Quasimodo dans Notre-Dame de Paris de Roland Petit sur une musique de Michel Jarre avec des costumes d’Yves Saint Laurent (1965), un de ses grands rôles dont le DVD garde la trace, enregistré en 1996 avec à ses côtés Isabelle Guérin, Manuel Legris et Laurent Hilaire, un quatuor inoubliable (TDK).


On retrouve dix ans après avec bonheur la belle épure chorégraphique de l’épopée hugolienne réalisée par Roland Petit, commande de l’Opéra de Paris à une époque où l’ombre de Maurice Béjart planait sur la danse mondiale, sa première chorégraphie pour la maison dont la création avait été faite par le chorégraphe lui même en Quasimodo, entouré de Claire Motte, Jean-Pierre Bonnefous et Cyril Atanasoff. C’était aussi une première pour Yves Saint Laurent, coup de maître, car presque cinquante ans après, ces costumes colorés et poétiques, avec des allusions autant à Courrèges qu’à Mondrian, n’ont pas pris une ride. Pas plus que la musique de Michel Jarre, formidablement efficace que magnifiait Kevin Rhodes à la tête de l’Orchestre national d’Ile de France.


Nicolas Le Riche a choisi de finir sa carrière avec ce rôle qu’il a marqué. La maturité ajoute un plus à son interprétation de Quasimodo, qu’il danse toujours à la perfection, sublime dans le grand duo avec Esméralda dans la cathédrale, formidablement efficace dans toutes les scènes de groupe. Qu’aura-t-il manqué pour que cet adieu au ballet soit vraiment à la hauteur de sa personnalité? L’entourage, car la distribution réunie pour la première peinait à convaincre. Eleonora Abbagnato, parfaite techniquement, manquait du feu et de la folie d’Esméralda, Florian Magnenet n’apportait pas le petit supplément qui hisse Phoebus (qui n’a pas ici le meilleur rôle) au niveau d’un personnage crédible mais surtout, erreur de distribution majeure, Josua Hoffalt, impeccable dans les sauts dont Roland Petit a gratifié sa dernière apparition, n’a vraiment rien d’inquiétant et de sombre, ni dans son allure ni dans ses mouvements. D’autres distributions feront mieux, on l’espère, pour cette reprise que danseront aussi en alternance Amandine Albisson, Ludmila Pagliero et Alice Renavand (Esméralda), Stéphane Bullion et Karl Paquette (Quasimodo), François Alu et Audric Bezard (Frollo) ainsi que Fabien Revillion et Yann Saïz (Phoebus).


Quant à Nicolas Le Riche, le voici déjà sur les routes de France avec le spectacle Itinérances réalisé avec la complicité d’Eleonora Abbagnato, Isabelle Ciaravola et Clairemarie Osta, danseuses étoiles de l’Opéra de Paris, et du chorégraphe Russell Maliphant. Il y danse des chorégraphies de ce dernier, de Roland Petit et d’Angelin Preljocaj. Ce n’est donc qu’un au revoir pour l’un des plus charismatiques danseurs français de ces dernières décennies.



Olivier Brunel

 

 

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