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Noseda triumphans

Paris
Salle Pleyel
06/25/2014 -  
Franz Liszt : Les Préludes, S. 97
Max Bruch : Concerto pour violon n° 1 en sol mineur, opus 26
Ottorino Respighi : Fontane di Roma, P. 106 – Pini di Roma, P. 141

Sergey Khachatryan (violon)
Orchestre de Paris, Gianandrea Noseda (direction)


G. Noseda (© Ramella&Giannese)


Autrefois, c’eût été un programme dominical d’association symphonique. Mais les temps ont changé : on ne donne plus guère Les Préludes de Liszt ou les poèmes symphoniques romains de Respighi, que grands chefs et grands orchestres, très flattés par ces musiques, enregistraient presque automatiquement, de Toscanini à Reiner ou à Karajan. L’Orchestre de Paris, lui, n’a joué Les Préludes qu’une fois... et jamais les Respighi!


Pour le dernier concert de la saison, Gianandrea Noseda renoue donc avec une tradition. Qu’il dirige d’abord Les Préludes n’étonne pas : c’est un lisztien, dont les gravures des poèmes symphoniques et des symphonies constituent les références d’aujourd’hui. Dosage des plans sonores, équilibre entre l’épopée et le lyrisme, la fresque symphonique et le chant instrumental, la densité et la fluidité : ces Préludes très construits, pleins d’effusion mais sans complaisance, évitent le pompiérisme. Le chef entretient surtout une tension qui apparente opportunément les tiraillements de l’âme à une sorte de Faust-Symphonie en miniature.


Le célébrissime Premier Concerto pour violon de Bruch n’a pas été moins travaillé : direction ample, très structurée, qui vise le grandiose en évitant la boursouflure, très soucieuse du détail – éloquents pizzicatos des cordes graves. Sergey Khachatryan s’en accommode parfaitement, toujours très inventif, qui love dans l’orchestre les grandes phrases lyriques de Bruch, joue autant sur le timbre que sur la nuance, rebelle à la virtuosité creuse. On aime moins l’Andante de la Sonate en la mineur de Bach donné en bis, déstructuré à force de lenteur, qu’il joue comme Bruch.


Respighi prolonge Liszt : la musique n’illustre pas au premier degré, elle restitue plutôt des émotions. Autant dire qu’il faut se méfier de la rutilance de la Trilogie romaine, dont Noseda donne ici les deux premiers volets, piliers de la gloire de Respighi – leur succédera Fêtes romaines. Pins ou Fontaines, la direction avance, préserve l’unité des quatre parties enchaînées, comme dans Les Préludes de Liszt : on reconnaît le chef de théâtre, qui n’est pas moins coloriste dans ces pages parfois très impressionnistes. Chatoiements évocateurs de « La Fontaine de Valle Giulia », éclats tempétueux de « La Fontaine de Trevi », lyrisme débordant mais jamais dégoulinant de « La Fontaine de la villa Médicis », rien n’échappe à cette baguette souple et maîtrisée. Les Pins sont de la même veine : sonorités ruisselantes des « Pins de la villa Borghèse », mystère nocturne des « Pins du Janicule », entretenu par un magnifique Pascal Moraguès, pompes du cortège triomphal des « Pins de la Voie appienne », avec cuivres au premier balcon. Il faut, pour ces péplums sonores, un orchestre virtuose et coloriste : la phalange parisienne, grâce au travail accompli par Paavo Järvi, l’est incontestablement aujourd’hui. Et l’on imaginait volontiers, à la tête de ses légions de musiciens, Noseda en imperator triumphans.



Didier van Moere

 

 

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