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Massacre aux Champs

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
06/14/2014 -  et 11,12 juin 2014 (Bruxelles)
Ludwig van Beethoven : Fidelio, opus 72
Malin Byström (Leonore), Joseph Kaiser (Florestan), Sophie Karthäuser (Marzelline), Andrew Foster-Williams (Don Pizarro), Robert Gleadow (Rocco), Michael Colvin (Jaquino), Mischa Schelomianski (Don Fernando), David Lefort (Un prisonnier), Cyrille Gautreau (Un officier).
Chœur de chambre les éléments, Le Cercle de l’Harmonie, Jérémie Rhorer (direction)


J. Kaiser (© Dario Acosta)


Hôte régulier des Champs-Elysées, le bouillant et talentueux Jérémie Rhorer y aura donné le meilleur... et le pire. Le pire, c’est ce Fidelio massacré qu’il vient de nous infliger. On ne lui demandait pas de célébrer, selon une ancienne tradition, une grand-messe humanitaire. On lui consentait aussi des tempos presque plus rapides que chez tous ses confrères. Mais, victime de sa fougue, il n’a pas les moyens de ses ambitions. Parce que son orchestre est incapable de suivre, dès une Ouverture ratée qui donne le ton: cors impossibles, cordes vilaines et sans chair, décalages et approximations multiples, tout frise l’amateurisme. Dépoussiérage par instruments anciens? Il sert bien mal la cause. On souffrira jusqu’à la fin de cette direction brouillonne et agitée. Comme on est loin des Carmélites de l’automne... mais on aurait du mal à comparer le Cercle de l’Harmonie et le Philharmonia.


Comme l’orchestre ne respire pas, il empêche les chanteurs de le faire – la rapidité du tempo mettant souvent tout le monde à la peine. Il faudrait, pour assumer, une distribution d’exception, ce qui est rarement le cas aux Champs-Elysées. Malin Byström pâtit toujours de la froideur de son timbre, d’une émission forcée et raide, d’un chant monolithique. Elle assume néanmoins jusqu’au bout, même sans en avoir une tessiture trop tendue pour elle, un rôle redoutable – plus difficile qu’Isolde, aurait dit Germaine Lubin. Remplaçant Nikolai Schukoff en Florestan, Joseph Kaiser assume lui aussi, poussé de son côté dans ses derniers retranchements mais le plus attachant, le plus nuancé et le plus stylé de tous. Andrew Foster Williams s’efforce à la noirceur de Pizarro, luttant comme il peut contre un orchestre trop sonore. Côté basses, rien de marquant : Robert Gleadow, trop vert pour Rocco, pas assez profond dans le grave, n’en a pas l’humanité ambiguë, et le Don Fernando engorgé de Mischa Schelomianski manque de rayonnement. On peut rêver couple plus séduisant que Michael Colvin et Sophie Karthäuser, cette dernière, contre toute attente, assez pâlichonne et pas très jolie de timbre. Restent les excellents éléments: ils semblaient eux-mêmes peu à l’aise, comme contaminés par le ratage.


Soyons honnête: le public, lui, a fait fête à tout le monde.



Didier van Moere

 

 

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