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Le grand contrepoint du Quatuor Quiroga Madrid Auditorio Nacional 05/29/2014 - et 5, 12, 19, 26 juin, 1er juillet 2014 Joseph Haydn: Quatuors opus 20
György Kurtág: Intégrale de l’œuvre pour quatuor à cordes
Wolfgang Amadeus Mozart : Quatuors dédiés à Haydn Quatuor Quiroga: Aitor Hevia, Cibrán Sierra (violon), Josep Puchades (alto), Helena Poggio (violoncelle)
Le Quatuor Quiroga (© Josep Molina)
En six semaines, le Quatuor Quiroga joue les six quatuors de l’Opus 20 de Haydn et les six quatuors de Mozart dédiés à Haydn. Avec toutes les pièces pour quatuor à cordes de György Kurtág, professeur et maître des Quiroga, un des compositeurs essentiels – et toujours en vie – de la génération de l’avant-garde. Il y a des pièces anciennes de Kurtág, mais aussi des premières, d’authentiques prémices.
On doit ce cycle au Centre national de diffusion musicale (INAEM, ministère de la culture) sous le titre «Contrepoint d’été», un vrai contrepoint comme l’année dernière et ce qu’ils préparent pour l’année prochaine (du 29 mai au 30 juin 2015, «Vienne 1800-1900» avec Elisabeth Leonskaja et des œuvres de Schubert, Schoenberg, Berg et Webern). A l’issue de la troisième séance, le cycle en est maintenant parvenu à son point central.
Le Quatuor Quiroga affiche une nette préférence pour Kurtág, dont les atmosphères sont bien captées par ces interprètes dévoués, qui caressent, frôlent le silence, le silence webernien constituant une de «vocations sonores» de Kurtág. Il semble qu’ils abordent Mozart, et surtout Haydn, avec un prisme «moderne», un classicisme âpre fuyant de la douceur mais pas de l’élégance. Cela peut se «voir» surtout dans les mouvements lents, peut-être, mais la joie et l’enthousiasme des allegros ont un point de combativité et, en même temps, de poétique exalté. Ce sont la technique et la préparation rigoureuses mises au service d’un discours toujours contrasté, intérieurement opposé: chaque quatuor est une planète où le groupe développe les forces des différences internes.
Les mélomanes espagnols connaissent très bien la question: l’Espagne manque de formations chambristes, et leur vie éphémère illustre une survie difficile ou un milieu guère réceptif. Le Quatuor Quiroga, tout comme le Quatuor Casals, sont des exceptions. La discographie des Quiroga s’enrichit: un de ses tous derniers disques est une promenade dans le vieux Vienne, une flânerie peut-être dans le Graben: le Quatuor en ré mineur de Schoenberg, le Rondo de Webern et le Quatuor opus 3 de Berg (Cobra Records). Et l’on peut profiter sur ce site de son Mozart grâce à ce concert avec les stravidarius du Palais Royal, à Madrid, quatre instruments-bijoux aujourd’hui sous la responsabilité de ces quatre grands musiciens.
Santiago Martín Bermúdez
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