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Alpes glorieuses

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
06/12/2014 -  
Richard Strauss : Intermezzo, opus 72: «Träumerei am Kamin» – Eine Alpensinfonie, opus 64
Richard Wagner : Wesendonck-Lieder

Christianne Stotijn (mezzo-soprano)
Orchestre national de France, Semyon Bychkov (direction)


S. Bychkov (© Rob Brimson)


Wagner et Strauss : voici Semyon Bychkov sur ses terres d’élection. La «Rêverie près de la cheminée», tirée de la comédie conjugale Intermezzo, elle-même inspirée d’un épisode de la vie du ménage Strauss, laisse pourtant un peu sceptique. Non que le chef ne sache donner galbe et sensualité aux grandes phrases lyriques si caractéristiques du compositeur: on trouvera seulement que les cordes, pour cette grande effusion lyrique, manquent un peu d’onctuosité et de soyeux – il faut ici des sonorités plus «viennoises». Si l’orchestre prend davantage ses marques dans les Wesendonck-Lieder, Christianne Stotijn paraît plus appliquée qu’inspirée. Certes le médium et le grave sonnent moins creux que dans les Kindertotenlieder à Pleyel récemment, la clarté de la déclamation préserve l’esprit du lied, mais les chants d’amour peinent à s’élever au-dessus de la terre et n’annoncent guère l’érotisme de Tristan, que s’approprie le seul orchestre.


C’est Une symphonie des Alpes qui rendra donc ce concert mémorable. L’orchestre s’y surpasse, avec de superbes solos, les cordes retrouvant, même si elles atteignent parfois leurs limites, rondeur et homogénéité. Bychkov cherche visiblement à préserver la densité de la pâte sonore, au risque d’une certaine épaisseur ici ou là, mais sans jamais brouiller l’écheveau leitmotivique, qui reste très clair. Il est vrai qu’il construit remarquablement son interprétation, préserve la continuité du flux à travers un enchaînement naturel des vingt-deux parties, dirige donc une vraie symphonie en un mouvement. Nous voici aussi loin du pittoresque facile de la journée en montagne que d’un panthéisme naïvement jubilatoire: sa Symphonie des Alpes ne tient jamais de la carte postale, privilégie plutôt la dimension symbolique. Dès le début, «La Nuit», au-delà de l’obscurité, a quelque chose d’inquiétant, voire d’oppressant, les ténèbres menaceront toujours: la symphonie, avec Bychkov, devient un combat entre l’ombre et la lumière. Fresque grandiose, aux couleurs fortes, qui touche au sacré, comme si le compositeur alpiniste se muait en prophète. Cette Symphonie des Alpes achève en beauté la saison champs-élyséenne du National.


Le site de Semyon Bychkov
Le site de Christianne Stotijn



Didier van Moere

 

 

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