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Falstaff ou la victoire de l’orchestre

Tours
Grand Théâtre
05/23/2014 -  et 25, 27* mai 2014
Giuseppe Verdi : Falstaff
Lionel Lhote (Sir John Falstaff), Isabelle Cals (Mrs Alice Ford), Enrico Marrucci (Ford), Nona Javakhidze (Mrs Quickly), Delphine Haidan (Mrs Meg Page), Norma Nahoun (Nannetta), Sébastien Droy (Fenton), Eric Vignau (Dr Caius), Antoine Normand (Bardolfo), Antoine Garcin (Pistola)
Chœurs de l’Opéra de Tours, Emmanuel Trenque (chef de chœur), Orchestre symphonique Région Centre-Tours, Jean-Yves Ossonce (direction musicale)
Gilles Bouillon (mise en scène), Nathalie Holt (décors), Marc Anselmi (costumes), Michel Theuil (lumières), Bernard Pico (dramaturgie)


L. Lhote (© François Berthon)


C’est avec l’ultime opus de Verdi que l’Opéra de Tours referme sa saison lyrique, confiant, comme cela est généralement l’usage sur la scène tourangelle, la production au directeur du Centre dramatique régional de Tours, Gilles Bouillon. Celui-ci livre ici une lecture efficace qui caractérise les personnages comme il se doit, dans un habile décor manié avec une relative fluidité qui ne s’appesantit pas sur un réalisme excessif. Sans doute doit-on déceler dans l’immobilité de Mrs Quickly un refus d’en rajouter en ses révérences et de sacrifier à une distanciation néanmoins passablement hors-de-propos quand on attend du geste qu’il accentue la voix – là réside la vis comica de la scène. A rebours de cet ascétisme, le Falstaff est emporté dans la panière à linge sans l’ellipse habituelle épargnant aux domestiques un effort démesuré, et le chevalier descend de lui-même dans la Tamise, soulignant à gros traits qu’il s’est lui-même mis dans le pétrin.


Le plateau vocal se révèle fort honnête. Dans le rôle-titre, Lionel Lhote affiche une bedaine artificielle à la mesure de la présomption de ce galant décati. Pour ses débuts à l’Opéra de Tours, le baryton réalise une performance vocale aussi satisfaisante que la théâtrale. Enrico Marrucci n’épargne pas Ford de l’impulsivité qui lui sied sans difficulté. Sébastien Droy mêle avec tact jeunesse et assurance en Fenton. Eric Vignau compose un Dr Caius en bonne santé, tandis qu’Antoine Normand réserve un savoureux Bardolfo, et Antoine Garcin un Pistola au diapason de la satire. Les dames ne déméritent point, même si Alice Ford frémit un peu d’expérience dans le gosier d’Isabelle Cals – qui sait compenser par son autorité. Nona Javakhidze assombrit comme il convient les interventions de Mrs Quickly. On apprécie la fraîcheur acidulée de Norma Nahoun en Nanetta, la Meg de Delphine Haidan, ainsi que les chœurs de la maison préparés par Emmanuel Trenque.


Mais c’est d’abord la direction de Jean-Yves Ossonce qui fait le prix de ce Falstaff. A la tête de l’Orchestre symphonique Région Centre-Tours, qui se confirme résolument comme l’une des premières phalanges hexagonales, le chef français détaille l’invention jubilatoire du compositeur octogénaire, ménageant les clins d’œil, pastiches ou parodies de son propre fonds, mais aussi d’autres musiciens – on songe par exemple à un tempo de valse qui évoque la Vienne de Strauss – donnant ainsi à la partition une profondeur trop rarement explorée – n’oublions que le finale est une fugue dans toute sa rigueur, étourdissant emprunt à la tradition la plus sérieuse. Une mise en place sans faille, des pupitres de belle tenue, un sens du style au-delà des attentes, ce Falstaff est bien, du point de vue de la fosse, l’un des meilleurs qu’il nous ait été donné d’entendre.



Gilles Charlassier

 

 

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