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Vanités luthériennes

Normandie
Deauville (Salle Elie de Brignac)
05/01/2014 -  
Georg Philipp Telemann : Wassermusik, TWV 55:C3 – Trauer-Actus: Cantate «Du aber Daniel, gehe hin», TWV 4:17
Johann Sebastian Bach : Trauerode (Tombeau de Sa Majesté la Reine de Pologne): Cantate «Lass, Fürstin, Lass noch einen Strahl», BWV198

Victoire Bunel (soprano), Rodrigo Ferreira (contre-ténor), Manuel Nunez Camelino (ténor), Virgile Ancely (basse)
Maîtrise de Caen, Olivier Opdebeeck (direction), L’Atelier de musique baroque: L’Escadron volant de la Reine, Ensemble Desmarest, Julien Chauvin (violon et direction)


(© Stéphane Guy)


Le festival de Pâques de Deauville comporte souvent deux soirées où le cadre de la musique de chambre est quelque peu dépassé pour présenter des pages réclamant des effectifs plus importants, où se retrouvent parfois les artistes qui ont animé les soirées de musique de chambre.


Le présent concert – le septième de la série 2014 – associe la Maîtrise de Caen, créée en 1987 à l’initiative de la ville, et l’Atelier de musique baroque, regroupant l’Escadron volant de la Reine, fondé en 2012 sans doute en mémoire des dames de compagnie de Catherine de Médicis chargées de calmer les ardeurs belliqueuses et rassemblant des jeunes de divers conservatoires, ainsi que l’Ensemble Desmarest, lancé en 2010 pour servir la musique ancienne, le tout sous la direction de Julien Chauvin, cofondateur du Cercle de l’Harmonie et bien connu du public deauvillais.


La soirée, empreinte de l’esprit luthérien qui règne dans l’Allemagne du Nord au début du dix-huitième siècle, est tout d’abord présentée par Gilles Cantagrel. L’éminent spécialiste du Cantor fait une nouvelle fois montre de pédagogie et rappelle à grands traits la carrière du premier compositeur à l’affiche – le Hambourgeois Georg Philipp Telemann (1681-1767), à la production phénoménale – et les conditions de création de l’œuvre programmée en seconde partie.


De Telemann, les dix-neuf premiers interprètes parviennent ensuite à sauver d’un océan de pages insipides une Wassermusik (1723), il est vrai très inspirée de Haendel. L’Ouverture, majestueuse, est l’occasion de repérer d’emblée d’excellents hautbois et flûtes, le reste de l’œuvre constituant une agréable mise en bouche. Les artistes font preuve de plus de profondeur avec la cantate funèbre (1708) qui suit, une des plus de... 1700 cantates du compositeur. Les prestations collectives des dix instrumentistes sont sans doute supérieures aux réalisations individuelles, le quatuor de solistes présentant de son côté une belle homogénéité. La voix de Victoire Bunel paraît avoir cependant une tessiture un peu étriquée et pèche par une articulation qu’on aurait souhaitée plus nette mais le sens musical de la soprano ne fait pas de doute dans une aria marquée par des pizzicatos et particulièrement émouvante.


Les qualités des instrumentistes, notamment des flûtistes, sont confirmées, lors de la seconde partie, dans la cantate datant de 1727 de Johann Sebastian Bach (1685-1750) et dédiée, en français, à Christiane Eberhardine, épouse luthérienne récemment décédée du prince-électeur de Saxe, le catholique Frédéric-Auguste Ier. La basse, Virgile Ancely, est toujours aussi excellente: voix puissante, diction claire, musicalité la caractérisent. Le ténor Manuel Nunez Camelino est parfait sur l’ensemble des registres tandis que Rodrigo Ferreira fait peut-être preuve de plus d’expressivité que de justesse et de fermeté dans les lignes mélodiques. Les quatorze chanteurs de la Maîtrise de Caen, comportant de belles voix blanches, récoltent quant à eux le fruit de leur travail sous la direction d’Olivier Opdebeeck, justement salué l’issue du concert.


L’ensemble est dirigé par le premier violon Julien Chauvin, au four et au moulin, avec autant d’économie de moyens que d’efficacité, de goût que de distinction et d’éloquence, sans appuyer sur l’affliction résultant de ces pages où la mort rôde. On ne peut que regretter dans ces conditions qu’un public plus nombreux ne soit pas venu pour l’applaudir.



Stéphane Guy

 

 

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