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Vive l’enfant du pays Liège
Opéra royal de Wallonie
04/22/2014 - et 23, 24, 25, 26, 27* avril 2014
André-Ernest-Modeste Grétry: Zémire et Azor
Dima Bawab (Zémire), Xavier Rouillon (Azor), Sabine Conzen (Fatmé), Julie Bailly (Lisbé), Jacques Calatayud (Sander), Giovanni Iovino (Ali), Vincent Dujardin (narrateur)
Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Guy van Waas (direction)
Bernard Pisani (mise en scène), Jérôme Bourdin (décors, costumes), Olivier Wéry (lumières)
X. Rouillon, D. Bawab (© Jacky Croisier)
Avant Maria Stuarda, à l’affiche du 16 au 24 mai, l’Opéra royal de Wallonie accueille le jeune public à bras ouverts à l’occasion de dix représentations de Zémire et Azor (1771) de Grétry, trois (à 15 heures et 20 heures) ouvertes à tous et sept (à 10 heures 30 et 14 heures) réservées aux écoles. Le théâtre liégeois a mis l’enfant du pays à l’honneur à l’occasion du deux centième anniversaire de sa mort : la saison dernière s’est achevée sur Guillaume Tell et La Caravane du Caire a été exécuté le 20 octobre en version de concert. Le choix de cette comédie-ballet tombe sous le sens puisque l’ouvrage tire son inspiration de La Belle et la Bête de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, bien connu des petits comme des grands. Sans doute afin que les enfants assistent à ce divertissement sans que leur attention ne se dissipe, la durée de celui-ci a été ramenée à une heure et quart tandis que les interventions d’un narrateur remplacent les dialogues.
Le texte de Bernard Pisani respecte l’esprit du conte sans infantilisme, la chorégraphie agrémente l’action sans l’encombrer, ni la ridiculiser, mais la mise en scène suscite une impression mitigée. Elle possède suffisamment d’attraits pour éveiller les plus petits, notamment grâce aux décors et aux costumes, mais la féerie et l’humour viennent à manquer une fois passé l’effet de surprise. L’action se déroule sagement devant un public, certes, un peu plus remuant que d’habitude, compte tenu de la moyenne d’âge, peu élevée, mais assez discret, en tout cas ce dimanche après-midi. Les rires fusent rarement et les enfants s’exclament à peine mais cette production cohérente et honnête bénéficie d’un accueil favorable.
Les chanteurs, qui interprètent leur personnage de bonne grâce, mêlent harmonieusement leur voix. Dima Bawab, soprano originaire de Jordanie, incarne une Zémire aimable et vertueuse. La délicatesse de son timbre et la netteté de son émission compensent une diction un peu moins heureuse que celle de ses partenaires. Xavier Rouillon n’effraie guère en Azor avant sa transformation mais il compose le personnage avec allure en mettant en valeur ses qualités vocales, en premier lieu le timbre et le phrasé. Les petits rôles de Fatmé et Lisbé, les sœurs superficielles de Zémire, échoient à Sabine Conzen et Julie Bailly, qui se produisent toutes deux fréquemment sur la scène de l’Opéra royal de Wallonie, Jacques Calatayud se tire honorablement du rôle de Sander, chanté avec style et joué avec aisance, et Giovanni Iovino, distribué dans celui d’Ali, se montre vocalement quelconque mais théâtralement convaincant. Réputé dans ce répertoire, Guy van Waas obtient de l’Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie une prestation assurée et brillante qui rend justice à cette musique de bon aloi.
Avec ce spectacle somme toute sympathique, l’Opéra royal de Wallonie accorde à Grétry l’attention qu’il mérite, bien qu’il néglige le programme, dépourvu d’information sur le compositeur, l’œuvre (hormis sur les personnages et le déroulement l’histoire) et les interprètes.
Sébastien Foucart
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