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Par deux

Normandie
Deauville (Salle Elie de Brignac)
04/26/2014 -  
Robert Schumann : Andante et variations pour deux pianos, cor et deux violoncelles, WoO 10 n° 1 (#)
Francis Poulenc : Sonate pour deux pianos (#)
Johannes Brahms : Variations sur un thème de Haydn, opus 56 b (*)
Maurice Ravel : Rapsodie espagnole (*)

Julien Desplanque (cor), Raphaël Merlin, Yan Levionnois (violoncelle), Guillaume Bellom (#), Ismaël Margain (#), Guillaume Vincent (*), Jonas Vitaud (*) (piano)


(© Stéphane Guy)


Deux compositeurs très français et deux autres très allemands étaient à l’affiche de ce sixième concert du dix-huitième festival de Pâques de Deauville. Deux parties ; deux séries de variations, deux pièces plus connues sous leur forme orchestrale ; deux œuvres pour deux pianos ; un Andante et variations schumannien avec deux pianos et deux violoncelles ; deux compositeurs amis et deux autres contemporains au style parfois très proche, notamment dans leurs mélodies : tout était-il apparié comme les sonates de Domenico Scarlatti ? Pas tout à fait.


La première œuvre, datant de 1843, l’Andante et variations de Robert Schumann (1810-1856), prévoit justement un intrus : un cor. Toute l’originalité de la pièce, peu connue, est là, dans cet instrument naturellement chaud, cher au cœur de Schumann. Nous avions dû passer sous silence les premières prestations des cors (de l’Atelier de musique moderne) dans ce festival, le samedi 19 avril, tant ils avaient paru peu convaincants. Ce soir, c’est Julien Desplanque, cor solo de l’Opéra de Marseille qui relève le défi. Schumann ne fait entrer en scène qu’assez tardivement ce cor, après quelques interventions sporadiques, et l’instrument a du mal à s’imposer face aux pianos. Il en est de même de l’artiste qui procède par à-coups pas très heureux et ne parvient à quelque douceur que vers la fin. Les pianos, omniprésents quant à eux, sont dans les mains d’experts en couleurs dans cette pièce passablement déglinguée et étrange, sans doute mal écrite mais rappelant les changements d’humeur et les passages les plus charmants des Kreisleriana.


Suivait la superbe Sonate pour deux pianos (1953) de l'auteur paradoxal de la pétillante Baigneuse de Trouville, l'inclassable Francis Poulenc (1899-1963). Si le langage est moderne, aux influences multiples (Stravinski), jouant notamment sur les résonances et les contrastes de timbres, l'auteur semble s'accrocher désespérément aux maîtres du passé et à la forme sonate. Le jeu des deux pianos est parfaitement huilé grâce à Guillaume Bellom et Ismaël Margain, duo de jeunes interprètes mais déjà expérimenté et qui a enregistré il y a peu Schubert au disque. Ils rendent pleinement justice à cette œuvre trop méconnue, à l'indéniable grandeur, parfois cachée sous une frivolité apparente. Un duo à suivre attentivement.


Johannes Brahms (1833-1897) ouvrait la seconde partie du concert. Le compositeur est souvent programmé au festival de Deauville. Il est vrai que ses nombreuses réussites de musique de chambre, pour des formats très divers, constituent une mine pour composer les affiches d’un festival comme celui de la cité bas-normande. Ce soir est privilégiée une œuvre pour deux pianos, dont l’orchestration nous est plus familière que l’original: les Variations sur un thème de Haydn (1873). Le vétéran (pour les fidèles du festival bien entendu) Jonas Vitaud, né en 1980, est alors associé, non à Bertrand Chamayou comme en 2006, en 2008, en 2009 et en 2011, mais à Guillaume Vincent, né en 1991. On retrouve avec plaisir le touché délicat et l’articulation exemplaire de Jonas Vitaud. Rien n’est lourd chez lui. Aucune esbroufe. Et le duo fonctionne bien, malgré quelques menus déphasages avec l’excellent Guillaume Vincent.


Si les artistes changent de piano et donc de côté, l’entente est renouvelée pour la Rapsodie espagnole de Maurice Ravel (1875-1937), dans sa version pour deux pianos (1907). Le «Prélude à la nuit» est justement inquiétant, la «Malaguena» voluptueuse, Jonas Vitaud y démontrant une belle aisance, la «Habanera», pièce la plus connue, parfaitement chaloupée, tandis que la «Feria» finale est ensorcelante et ferait presque oublier, sous les doigts d’un tel duo, la version orchestrale.


On ne peut qu’espérer retrouver un tel niveau lors des trois derniers concerts du festival programmés pour le prochain pont du 1er mai.



Stéphane Guy

 

 

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