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Reprise en demi-teinte

Paris
Opéra Bastille
04/24/2014 -  et 26, 30 avril, 3, 8, 13, 17, 20, 23 mai 2014
Vincenzo Bellini: I Capuleti e I Montecchi
Paul Gay (Capellio), Ekaterina Siurina/Yun Jung Choi* (Giulietta), Karine Deshayes (Romeo), Charles Castronovo*/Ioan Hotea (Tebaldo), Nahuel Di Pierro (Lorenzo)
Chœur de l’Opéra national de Paris, Alessandro Di Stefano (chef de chœur), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Bruno Campanella (direction musicale)
Robert Carsen (mise en scène), Michael Levine (décors et costumes), Davy Cunningham (lumières)


(© Opéra national de Paris/Christophe Pelé)


C’est la quatrième reprise (voir ici, ici et ici) de ces Capulet et Montaigu mis en scène par Robert Carsen – qu’il faudrait d’ailleurs donner à Garnier. La production va son chemin, mais on a connu le Canadien plus inspiré. Au moins a-t-il compris, fidèle au titre, que tout devait s’inscrire dans une guerre des clans : la « tragédie lyrique » de Bellini, dont la source n’est pas shakespearienne, s’achève, après la mort des deux amants, sur la mise en accusation de Capulet par Lorenzo et les Montaigu. Ainsi assiste-t-on à une sorte d’opéra de cape et d’épée avec, dès le début, des rapières fichées dans l’avant-scène, devant le rideau. Mais la direction d’acteurs, pour être efficace, reste convenue et le symbolisme du rouge des praticables très laids servant de décor pèse assez lourd. Bruno Campanella est à l’unisson : direction volontaire, sanguine, martiale, adaptée à certaines pages, mais qu’on souhaiterait beaucoup plus subtile dans l’intimisme, lorsque les couleurs de l’orchestre doivent faire un contrepoint à celles des voix.


Celles-ci, justement, en manquent un peu. Après avoir remplacé Sandrine Piau en Cléopâtre, Yun Jung Choi, jeune Sud-Coréenne très remarquée lors de son passage à l’Atelier lyrique, remplace ici, au pied levé, Ekaterina Siurina. Le timbre reste assez froid et elle chante trop droit, ce qui n’est guère conforme aux canons du belcanto. Mais les registres sont soudés, avec un aigu aisé, la technique assez sûre pour qu’elle puisse émettre sur le souffle les mélismes belliniens, si bien qu’on s’attache à cette Juliette frémissante et qu’on lui pardonne ce chant encore vert.
Karine Deshayes s’avère plus inégale en Roméo, un rôle hybride qui tient parfois du contralto rossinien et tire souvent vers le mezzo-soprano, ce qu’elle est visiblement alors qu’elle persiste à endosser certains emplois trop graves. L’air d’entrée, ainsi, la met à la peine, comme les passages exigeant la vaillance du musico, alors qu’elle est magnifique dans la scène finale.
Le Tebaldo de Charles Castronovo, en revanche, déçoit, à cause d’une voix ternie et trop en arrière, dans son air comme dans le duo avec Roméo. On devrait cesser aussi de confier Lorenzo, dont le créateur chantait des rôles de ténor, à une voix trop grave : cela gêne, comme les autres, l’excellent Nahuel Di Pierro.


Une reprise en demi-teinte, pas toujours à la hauteur de la partition de Bellini.



Didier van Moere

 

 

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