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Aimez-vous Brahms ?

Paris
Salle Pleyel
04/23/2014 -  
Johannes Brahms : Akademische Festouvertüre en ut mineur, opus 80 – Concerto pour piano et orchestre n° 1 en ré mineur, opus 15 – Symphonie n° 1 en ut mineur, opus 68
Nicholas Angelich (piano)
Orchestre de Paris, Paavo Järvi (direction)


N. Angelich (© Stéphane de Bourgies)


C’est sans doute en raison des vacances de Pâques que la Salle Pleyel est apparue un peu plus clairsemée que ce que l’on pouvait légitimement attendre compte tenu du programme proposé, tout entier dédié à Johannes Brahms (1833-1897). Et pourtant, quelle émotion et quel plaisir d’avoir pu assister à ce concert qui fut, globalement, du plus haut niveau. Le programme, tout en adoptant la forme classique ouverture/concerto/symphonie était particulièrement conséquent avec notamment deux œuvres phares de la musique.


Peut-être était-ce la raison pour laquelle Paavo Järvi avait choisi de débuter non par la noire Ouverture tragique mais par la plus légère Ouverture pour une fête académique (1881), œuvre de circonstance qui permit à Brahms de remercier à sa façon l’Université de Breslau qui l’avait fait docteur honoris causa quelques mois avant la création de l’œuvre. Même si la fin s’avère quelque peu grandiloquente avec ses flûte piccolo, cymbales et triangle, cette ouverture permet d’emblée à l’Orchestre de Paris de prouver sa très grande forme grâce à des bois de toute beauté et des cuivres éclatants, un supplément de dynamisme ayant peut-être été souhaitable par ailleurs...


Mais le meilleur restait à venir avec l’impressionnant Premier Concerto pour piano (1859) sous les doigts de Nicholas Angelich. Le pianiste franco-américain connaît cette œuvre par cœur, lui qui l’a donnée notamment sous la baguette de Cristian Mandeal à Aix-en-Provence en novembre 2009, de Dmitri Liss en juillet 2010 au Festival de la Roque d’Anthéron ou de Yannick Nézet-Séguin au Théâtre des Champs-Elysées en juin 2012. Autant dire qu’il aura subjugué le public ce soir – en dépit d’une apparente fébrilité, ayant mis un peu de temps à bien régler la hauteur de son tabouret – grâce à un toucher délicat qui n’a pas pour autant fait l’impasse sur la violence du premier mouvement (Maestoso) ou sur le caractère conquérant du troisième (Allegro ma non troppo). Mais le plus émouvant aura certainement été ce deuxième mouvement à fleur de peau, témoignant de la timidité presque maladive du pianiste, osant à peine toucher au clavier de peur de trop en faire. Les larmes montent aux yeux, tout n’étant que non-dit et suggestion, la salle étant alors tout entière gagnée par une indicible émotion. Paavo Järvi se met au diapason d’Angelich, dirigeant la partie orchestrale avec vigueur même si l’on aurait pu souhaiter davantage de rage dans le premier mouvement et davantage de respect du tempo, l’orchestre accélérant parfois le rythme sans que cela ne soit ni nécessaire, ni attendu. Les acclamations du public et de l’orchestre engagent le soliste à donner en bis le Premier des trois Intermezzi de l’Opus 117, qu’il avait d’ailleurs déjà joué il y a six ans, presque jour pour jour: silence absolu de la Salle Pleyel, là encore émerveillée par tant de délicatesse.


En seconde partie, l’Orchestre de Paris donna la Première Symphonie (1876), autre fleuve brahmsien dans lequel il fit montre de toutes ses qualités dès le martellement initial des timbales. Il faut dire que la petite harmonie – Vincent Lucas à la flûte, Alexandre Gattet au hautbois, Pascal Moraguès à la clarinette et Giorgio Mandolesi au basson, pour ne citer que les chefs de pupitres, tous les autres musiciens étant du même niveau! – est sublime, éclairant ainsi la partition dans ses moindres détails. On ne peut non plus passer sous silence, dans le deuxième mouvement, la justesse infaillible de Roland Daugareil (Andante sostenuto) et, dans le quatrième, la grandeur du pupitre de cors emmené par Benoît de Barsony, qui a remplacé André Cazalet, présent pour sa part lors de la première partie du concert. Paavo Järvi donne de cette symphonie une interprétation très habitée, à commencer par un excellent premier mouvement où, chose assez rare, il effectue la reprise. Sans céder à la tentation de la facilité, il opte pourtant résolument pour une approche romantique de la symphonie, servi pour ce faire par d’onctueux (mais non sirupeux) pupitres de cordes aux legato ravageurs notamment dans le quatrième mouvement qui se conclut dans un tempo un peu trop rapide à notre goût. Devant l’enthousiasme des spectateurs, l’Orchestre de Paris offrit une Première Danse hongroise quelque peu maniérée mais qui souleva définitivement l’enthousiasme généré par un concert de très haute tenue. Chapeau bas!


Le concert intégral sur le site d’Arte Concert:






Sébastien Gauthier

 

 

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