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Occasions manquées Normandie Deauville (Casino) 04/20/2014 - Frank Martin : Trio pour piano et cordes sur des mélodies populaires irlandaises
Roger Quilter : Three Shakespeare Songs, opus 6
Rebecca Clarke : Trois mélodies
Benjamin Britten : Cabaret Songs
Ludwig van Beethoven : Irish, Welsh and Scottish Songs pour voix et trio avec piano Kelly Hodson (soprano), Guillaume Vincent (piano), Gabriel Le Magadure (violon), Raphaël Merlin (violoncelle)
G. Le Magadure, K. Hodson , G. Vincent, R. Merlin (© Claude Doare)
Chaque année pendant le festival de Pâques à Deauville a lieu le salon Livres et Musiques et un concert est coproduit pour l’occasion par les deux événements. Concert à entrée libre, il a l’avantage de fournir au public aux heures d’ouverture de l’exposition un prolongement de musique vivante. L’inconvénient – il est énorme – est que pour une raison de proximité géographique, ce concert a lieu dans le petit théâtre du casino. A priori une charmante salle à l’italienne, le lieu se révèle rapidement l’endroit le plus inhospitalier que l’on puisse imaginer pour un concert. L’environnement de machines à sous du casino, un autre monde vraiment, n’est pas pire que l’inconfort des fauteuils, le bruit de soufflerie du chauffage ou de la ventilation et, il faut bien le dire, le caractère velléitaire d’un public pas forcement habitué aux us du concert, qui parle pendant la musique, applaudit entre les mouvements ou les chansons d’un cycle, et ne se gêne pas pour circuler dans la salle comme dans un promenoir. Si l’on ajoute l’horaire postprandial qui ne favorise jamais la concentration, on comprendra que ce n’est pas dans la meilleure humeur que l’on rend compte de cette heure de musique.
Pourtant le programme en était alléchant, et coordonné à la thématique britannique du salon de l’année; il comportait une œuvre du Suisse Frank Martin (1890-1974) composée sur des thèmes traditionnels irlandais, commande d’un riche américain qui en a été pour ses frais croyant avoir à faire à un pot-pourri de mélodies de sa terre d’origine! L’œuvre, de structure très classique, n’est pas la plus passionnante du compositeur mais le trio réunit pour l’occasion, formé par Guillaume Vincent, Gabriel Le Magadure et Raphaël Merlin lui a rendu pleine justice.
Passionnante aussi de programme, la seconde partie du concert aura été une épreuve, malgré l’excellence et la grande versatilité du même trio instrumental. Mais la chanteuse canadienne Kelly Hodson, avec une voix tout à fait dépourvue de charme, de timbre même, pointue, monotone, glaciale, n’a pas réussit à donner leur très relatif intérêt aux chansons de Roger Quilter (1877-1953) et de Rebecca Clarke (1886-1979), très inférieures à leur modèle britténien. C’est avec Britten (remplaçant une série de Gerald Finzi annoncée) et ses Cabaret Songs que l’intérêt s’est quelque peu réveillé. Mais on était loin de compte de l’humour indispensable à la bonne interprétation de ces pièces de jeunesse réunies de façon posthume et qui datent du bref épisode bohème de la vie du compositeur, composées sur des textes de W.H Auden au contenu subliminal très nettement homosexuel. Le bouquet de mélodies folkloriques harmonisées par Beethoven, œuvres de circonstance méconnues et très réussies, demande une autre versatilité et d’autres couleurs vocales que ne pouvait fournir Kelly Hodson, tout à fait à bout de souffle en cette fin de concert.
Olivier Brunel
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