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Une Resurrezione passionnante Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 03/29/2014 - et 6 (Madrid), 28 (Versailles) mars, 21 avril (Kraków) 2014 Georg Friedrich Händel: La Resurrezione, HWV 47 Sophie Karthäuser (Maria Maddalena, soprano), Sunhae Im (Angelo, soprano), Sonia Prina (Sante Maria Cleofe, alto), Jeremy Ovenden (San Giovanni Evangelista, ténor), Johannes Weisser (Lucifero, baryton)
Le Cercle de l’Harmonie, René Jacobs (direction)
R. Jacobs (© Marco Borggreve/Harmonia Mundi)
La dixième édition du KlaraFestival s’achève ce samedi sur un concert du Cercle de l’Harmonie qui se produit dans le cadre d’une tournée européenne qu’il effectue sous la direction de René Jacobs. L’orchestre fondé en 2005 par Jérémie Rhorer et Julien Chauvin jette son dévolu sur La Resurrezione (1708) que Händel a composé durant son séjour en Italie : un choix de circonstance à l’approche de Pâques et l’occasion de découvrir, ou de redécouvrir, un des premiers oratorios du Saxon dans des conditions optimales. Une particularité de cet ouvrage de vaste dimension réside en l’absence de chœur et en la répartition des solistes sur deux niveaux, l’un, divin, formé par l’ange et Lucifer, l’autre, humain, par Marie-Madeleine, Marie et Jean, ce que reflète d’ailleurs la position des interprètes sur scène : Sunhae Im évolue tantôt derrière, tantôt devant l’orchestre, Johannes Weisser le plus souvent derrière, Sophie Karthäuser, Sonia Prina et Jeremy Ovenden toujours devant.
Difficile d’égaler une distribution d’une telle classe. Sophie Karthäuser conduit impeccablement une voix d’exception et traduit finement la tristesse qui submerge Marie-Madeleine et le courage qui l’anime. Les interventions de Sunhae Im constituent un véritable délice : valorisant un timbre pur et vif, l’autre soprano de la distribution chante le rôle de l’ange avec agilité, malice et raffinement. La voix d’alto ample et chatoyante de Sonia Prina trouve un emploi idéal en Marie, qui apparaît à la fois pieuse et inébranlable. Jeremy Ovenden, qui dispose d’une voix de ténor séduisante, campe un Jean influent et intègre tandis que Johannes Weisser, qui incarne Lucifer, déploie un chant expressif, profond et vigoureux.
Grâce au chef gantois, qui n’a plus rien à prouver depuis longtemps dans ce répertoire, la prestation exaltée, pimpante et stimulante du Cercle de l’Harmonie n’appelle que des éloges, malgré l’une ou l’autre furtive imprécision sans doute imputable à la nature rétive des instruments. La formation développe une riche profusion de timbres et souligne la dimension tant narrative que théâtrale de cette œuvre remarquable en affirmant une impeccable cohésion. A l’issue de ce concert, la ministre flamande de l’environnement, de la nature et de la culture remet le prix culturel flamand pour la musique à René Jacobs. Quant au Cercle de l’Harmonie, il reviendra au Bozar les 11 et 12 juin pour interpréter Fidelio de Beethoven, cette fois sous la direction de Jérémie Rhorer, tandis que le KlaraFestival fixe déjà rendez-vous à l’année prochaine, du 6 au 21 mars.
Le site du Cercle de l’Harmonie
Sébastien Foucart
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