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Sado en Autriche

Paris
Salle Pleyel
01/12/2001 -  
Friedrich Cerha : Concerto pour violoncelle (création française)
Anton Bruckner : Symphonie n° 3, A 94 (version de 1889)

Heinrich Schiff (violoncelle)
Orchestre philharmonique de Radio France, Yutaka Sado (direction)

Bien que n’étant pas sorti gagnant du jeu de chaises musicales qui a présidé au choix quasi-concomitant des chefs des deux orchestres de Radio France l’année passée, Yutaka Sado, non sans de sérieuses raisons, demeure apprécié tant du public que du Philharmonique. Le concert donné hier soir à Pleyel en a encore amplement témoigné.


En première partie, il offre l’accompagnement précis, efficace et, quand il le faut, discret, à la magnifique sonorité et à la prestation de haute virtuosité de Heinrich Schiff. Avec une aisance apparente, il semble survoler les difficultés redoutables de la partie soliste qui lui est dédiée, tout en mettant en valeur le lyrisme de cette musique. Au fil de trois mouvements (environ trente minutes) obéissant en fin de compte au schéma classique du concerto (vif/lent de forme lied/vif), le compositeur autrichien démontre sans esbroufe un sens oratoire et dramatique très affirmé, ainsi qu’une solide maîtrise de l’écriture et de l’orchestration (pour un effectif assez réduit), toujours claires et sans épaisseur. L’expression est fortement contrastée, tour à tour frénétique et calme, foisonnante et extatique, contrapuntique et linéaire, distante et sensuelle. Comme on sait que Cerha a achevé Lulu, on pense bien sûr à Berg ou à Schönberg, mais cette partition n’est pas spécifiquement "germanique" et évoque parfois tout autant Jolivet, Messiaen ou Ligeti, avec son recours, même allusif, aux rythmes et percussions "exotiques". D’une séduction immédiate, le deuxième mouvement, à l’origine une pièce séparée composée à l’attention de Heinrich Schiff en 1989 et intitulée Fantaisie à la manière de C, et l’énigmatique conclusion décantée du mouvement final attirent tout particulièrement l’attention au cours de la première française de ce concerto, créé par la Philharmonie de Berlin et Michael Gielen en 1998.


On n’attendait pas forcément Sado dans Bruckner. Et en digne disciple de Bernstein, ce n’est certes pas l’orthodoxie qu’il va défendre ici. Spectaculaire, à la fois orchestralement brillante mais d’un climat sombre et tendu, son interprétation regarde davantage vers le dernier Bruckner et même Mahler, dont il fait ressortir la parenté musicale (ländler) mais aussi spirituelle. Portant une attention somme toute inhabituelle au raffinement de l’orchestration et privilégiant la clarté des lignes, Sado est, comme à l’ordinaire, remarquablement incisif, même si l’on peut sans doute regretter une conception qui privilégie sans doute l’instant au détriment de la construction d’ensemble. L’orchestre, formé de longue date à ce répertoire par Janowski, qui avait fait ses adieux avec une mémorable Huitième, demeure à un haut niveau de qualité et de musicalité, notamment les cuivres.



Simon Corley

 

 

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