About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Pâleur

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
03/05/2014 -  
Ludwig van Beethoven : Concerto pour violon, opus 61
Richard Strauss : Don Quixote, opus 35

Lisa Batiashvili (violon), Floris Mijnders (violoncelle), Anne Huser (alto)
Rotterdams Philharmonisch Orkest, Yannick Nézet-Séguin (direction)


L. Batiashvili (© Anja Frers/DG)


C’est une surprise de voir qu’un programme aussi populaire qui rassemble deux artistes de premier plan de la nouvelle génération soit loin de faire salle comble au Théâtre des Champs-Elysées alors que Victoria Hall, son homologue genevois, serait plein. Il est vrai que la capitale française offre de nombreuses salles de concert et que cette soirée, située au milieu de la semaine, est en concurrence avec une quantité d’autres concerts. Mais les Parisiens ne sont-ils pas devenus blasés et faut-il voir dans cette désaffection un signe de la crise économique dont souffre ce pays depuis tant d’années ?


C’est en tout cas un plaisir de voir qu’une nouvelle génération de musiciens en train de percer. Le talent et le dynamisme de Yannick Nézet-Séguin en ont fait un invité régulier d’ensembles comme le Philharmonique de Vienne ou du Metropolitan de New York, et en ont également fait le directeur musical de l’Orchestre métropolitain de Montréal ainsi que du très prestigieux Orchestre de Philadelphie. Mais cet Orchestre philharmonique de Rotterdam est-il à la hauteur de ces autres phalanges ? Les bois se révèlent de grande qualité et les cuivres sont très solides mais les cordes manquent cruellement de chair et de soyeux. Joué avec un effectif de chambre, le Concerto pour violon de Beethoven manque ainsi de de couleur et en dépit du travail de construction du chef dans l’introduction, l’ensemble manque singulièrement de personnalité. Lisa Batiashvili déploie les qualités très réelles qu’on lui connaît, rondeur de la sonorité et beauté des timbres, en particulier des graves, mais elle varie les tempis dans le premier mouvement avec des ralentis trop visibles et n’établit pas de pulsation régulière. Elle est plus dans son domaine dans un Rondo final plein de vie et surtout dans la fascinante cadence écrite par Alfred Schnittke, où le compositeur russe cite tant de concertos pour violon à venir et fait intervenir les timbales. Mais la merveilleuse coda qui suit cette cadence ne décolle juste pas.


C’est un orchestre au grand complet que nous retrouvons en seconde partie. Enlevé par des excellents solistes – clarinette, hautbois, flûte, clarinette basse –, ce Don Quichotte démarre avec fantaisie et émerveillement, emmené par un Yannick Nézet-Séguin qui démontre ses qualités de chef de théâtre. Les Don Quichotte et Sancho Panza des solistes de l’orchestre sont bien caractérisés, l’un fantasque et l’autre rugueux, et montrent une joie complice à se chamailler par musique interposée. Une fois l’introduction passée, les équilibres sont à nouveau malheureusement gâchés par la faiblesse relative des cordes. La poésie des passages méditatifs et en particulier de la veillée d’armes se perd dans les passages plus fantasques. Les tutti manquent de grandeur et de la flamboyance que réclame ce poème symphonique et on se prend à rêver de ce que Nézet-Séguin ferait de cette œuvre avec un orchestre bien plus puissant comme celui de Philadelphie.


En dépit des demandes du public, aucun bis n’est donné que ce soit par la soliste ou par l’orchestre et ce concert un peu timide, un peu frustrant, ni complètement réussi ni complètement raté, risque de ne pas rester bien longtemps dans nos mémoires.



Antoine Leboyer

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com