About us / Contact

The Classical Music Network

Baden-Baden

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

33 Variations pour dix doigts

Baden-Baden
Festspielhaus
01/18/2014 -  
Franz Schubert : Sonate pour piano n° 20, en sol majeur, D. 894
Ludwig van Beethoven : 33 Variations sur une valse d’Anton Diabelli, Opus 120

Mitsuko Uchida (piano)


M. Uchida (© Justin Pumfrey)


La pianiste Mitsuko Uchida arrive au Festival de Baden auréolée d’une vraie gloire internationale, alimentée par des enregistrements discographiques dont certains ont été largement appréciés par la critique et aussi par une série de collaborations avec des orchestres et des chefs prestigieux (Pierre Boulez est d’ailleurs présent dans la salle). Mitsuko Uchida est de surcroît l’actuelle directrice du Festival de Marlboro, dans le Vermont, institution que l'on ne présente plus. Ce récital est donc très attendu, prometteur d’une prestation de haut niveau pianistique.


Première partie Schubert, domaine d’excellence pour Mitsuko Uchida, avec une Sonate D. 894 dont cependant les sonorités intriguent d’emblée. Pas vraiment d’enrobage flatteur mais au contraire un toucher relativement sec, gestion millimétrée des attaques et des résonances dont la précision déconcerte davantage qu’elle ne séduit. Ce type d’approche de l’instrument suscite même de vraies interrogations : les bras n’ont que peu de souplesse, la musculature des épaules paraît crispée et tout le haut du corps transmet au clavier des impulsions brutales, d’un seul bloc, sans amortissement possible par des poignets trop fortement fléchis. Que le résultat reste aussi nuancé, ou du moins conserve un véritable éventail de dynamique, relève un peu de l’exploit impossible avec une telle tenue devant l’instrument, et pourtant la gageure est assez bien tenue. Les mouvements de cette sonate se succèdent sans heurt, vision architecturée, très minutieuse et préméditée mais dont l’intérêt musical, à ce stade d’épure vidée de toute exaltation romantique à plus grande échelle, échappe un peu. Allegretto final bien enlevé cependant, qui conclut cette première partie avec un bel élan.


Seconde partie de concert particulièrement ambitieuse avec les Variations Diabelli de Beethoven, peu jouées en public, et pour cause, car l’effort de mémorisation requis y est colossal et les tensions occasionnées par ces pièces courtes et denses sont considérables. Mitsuko Uchida parcourt ces variations imperturbablement, avec un toucher toujours relativement percussif voire dur. Sa lecture reste abstraite, d’une incontestable clarté analytique mais d’un agrément pianistique assez peu patent. Et puis l’humour contenu dans ces pièces, fréquent, souvent parodique, est vraiment trop peu perceptible dans ce contexte d’avancée linéaire où c’est surtout la vélocité mécanique des doigts qui paraît primer. Applaudissements nourris à l’issue, mais qui saluent peut-être davantage une performance physique et mentale indéniable qu’une lecture beethovénienne vraiment nourrissante.



Laurent Barthel

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com