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Conte pour orchestre de chambre

Geneva
Grand Théâtre
01/30/2014 -  et 2, 5*, 8 février 2014
Richard Wagner : Siegfried
John Daszak (Siegfried), Andreas Conrad (Mime), Tómas Tómasson (Le Voyageur), John Lundgren (Alberich), Steven Humes (Fafner), Maria Radner (Erda), Petra Lang (Brünnhilde), Regula Mühlemann (L’Oiseau de la forêt)
Orchestre de la Suisse Romande, Ingo Metzmacher (direction musicale)
Dieter Dorn (mise en scène), Jürgen Rose (décors et costumes), Tobias Löffler (lumières), Heinz Wanitschek (expression corporelle), Hans-Joachim Ruckhäberle (dramaturgie)


(© GTG/Carole Parodi)


Un conte pour orchestre de chambre. C’est ainsi que pourrait être qualifié le Ring du Grand Théâtre de Genève, au terme de la deuxième journée (Siegfried) du festival scénique imaginé par Richard Wagner. On peut d’ores et déjà imaginer que la dernière étape du cycle (Le Crépuscule des Dieux), programmée en avril, viendra confirmer définitivement cette impression. Quoi qu’il en soit, le metteur en scène Dieter Dorn et le chef Ingo Metzmacher sont jusque ici restés parfaitement fidèles aux intentions qu’ils avaient esquissées dans L’Or du Rhin en mars dernier puis dans La Walkyrie en novembre. Scéniquement, Dieter Dorn s’attache à rendre l’intrigue parfaitement lisible, en restant le plus près possible du livret, sans chercher midi à quatorze heures et sans élucubrations philosophico-sociologiques. L’histoire est racontée simplement, didactiquement serait-on tenté de dire, dans un dispositif scénique certes des plus sobres, mais qui n’en dégage pas moins une grande force d’évocation : un dragon tentaculaire, une tête géante pour Fafner, des arbres en tissus et en structures métalliques dans lesquels sont glissés des figurants habillés de noir qui font bouger les branches, des oiseaux au bout de longues perches brandies par d’autres figurants. Au dernier acte, la rencontre entre Brünnhilde et Siegfried constitue le moment fort du spectacle, tant elle est intense, dégageant un climat tout à la fois d’ingénuité, de poésie et de tendresse. Elément récurrent de la soirée, les Nornes apparaissent au début de chaque acte, occupées à démêler les fils du destin. Un autre atout de la production est la direction d’acteurs, particulièrement fouillée, avec des relations entre les personnages bien ciselées, notamment le face-à-face Wotan-Alberich, qui sont ici vus comme des frères jumeaux. On pourrait rétorquer que ce Ring genevois manque d’idées fortes dans sa réalisation scénique, mais c’est justement sa simplicité, pour ne pas dire sa naïveté, qui en fait tout le charme.


Musicalement, Ingo Metzmacher reste, lui aussi, fidèle à l’approche adoptée jusqu’ici, livrant une lecture intimiste, presque chambriste, de la partition, sans pompe ni emphase, mais dans une grande transparence et avec le souci du détail. Ce faisant, il ménage les chanteurs, fort heureusement d’ailleurs, car ceux-ci ne disposent pas de voix immenses. Les plus belles prestations de la soirée viennent d’Andreas Conrad en Mime particulièrement inquiétant, de John Lundgren en Alberich noir et sonore ainsi que de Steven Humes en Fafner imposant. John Daszak incarne un Siegfried juvénile et intrépide, à la voix claire, qui ne force jamais ses moyens, ce qui lui permet d’arriver sans encombre au bout de son rôle meurtrier, même si l’aigu lui pose parfois problème. Tómas Tómasson campe un Voyageur de fière allure, mais manquant quelque peu d’autorité dans la voix. Malgré quelques soucis de justesse dans l’extrême aigu et l’absence de graves, Petra Lang fascine en Brünnhilde aux couleurs et aux nuances chatoyantes. L’Erda de Maria Radner et l’Oiseau de la forêt de Regula Mühlemann, à la belle voix cristalline, complètent idéalement une distribution de fort belle tenue. Globalement, ce Ring genevois s’annonce comme l’un des plus intéressants qu’il soit possible de voir actuellement sur les scènes lyriques. Espérons que Le Crépuscule des Dieux confirmera ce jugement.



Claudio Poloni

 

 

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