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Les Temps modernes (mais pas trop)

Toulouse
Musée des Augustins
01/10/2001 -  
Toru Takemitsu : And I knew’t was a wind
Bela Bartok : Suite paysanne hongroise
Sofia Goubaïdoulina : Garten von Freuden und Traurigkeiten
Claude Debussy : Syrinx, Sonate pour flûte, alto et harpe
Igor Stravinsky : Élégie pour alto solo

Trio Sara Kuijken: Sara Kuijken (alto), Sophie Haalynck (harpe), Toon Freet (flûte)

On comprend que la raison même d’être de la saison “Concerts au Musée”, organisée par l’association “Les Arts Renaissants”, soit effectivement de donner des concerts dans le cadre du musée des Augustins de Toulouse. Il est cependant regrettable que cela ait obligé, pour cause de travaux, à supporter l’acoustique de hall de gare hyper-réverbérée et caverneuse d’une immense salle vide, particulièrement dommageable pour les délicats équilibres de la musique de chambre. Bien peu de choses surnageaient du brouillage continuel causé par une réverbération impossible, qui noyait la harpe en un brouhaha indistinct, étouffait les harmoniques de la flûte et supprimait toute polyphonie.

On pouvait savoir gré aux jeunes musiciens flamands d’avoir choisi un programme relativement original dans une formation peu courante. Las! présentées maladroitement par les musiciens comme des alternatives “écoutables” à un modernisme prétendu froidement abscons et supposé faire fuir les auditeurs, les “œuvres” de Takemitsu et Goubaïdoulina se sont révélées être, au mieux, d’une affligeante banalité.
Passe encore que, par une perversité très post-moderne, un compositeur japonais parodie Debussy parodiant la musique japonaise en une pièce parfaite pour sonoriser les aéroports, mais comment oser présenter le sombre pensum de Goubaïdoulina en se contentant comme seule explication de :
“Goubaïdoulina aime les arbres, on va entendre des pleurs, et puis, plus loin, des chiens qui aboient”!!!
En plus d’une controverse démagogique et stérile sur l’opposition entre “vraie” et “fausse” musique contemporaine, des propos d’une telle profondeur ne sont tout simplement pas à leur place dans un concert. On conseillera donc aux musiciens de mieux préparer leur texte pour une prochaine fois, voire, tout simplement de s’abstenir de prendre partie en public dans un débat qui, certes, mérite d’être posé, mais en d’autres termes et avec une autre pertinence.


L’irritation était, de plus, entretenue également par un choix interprétatif gentiment édulcoré, qui aplatissait l’écriture si contrastée et vivante de la deuxième sonate de Debussy, et un équilibre général imparfait, l’alto pas toujours impeccable de Sara Kuijken dominant trop souvent, hélas, la flûte autrement ductile et colorée de Toon Fret.

Bref, que l’on soit ou non d’accord avec les assertions des musiciens, les moyens musicaux n’étaient pas à la hauteur de l’ambition affichée dans le choix du programme. Un “gentil” concert, sans doute, mais inabouti, de jeunes musiciens certainement pas dénués de talents -il serait intéressant d’entendre le flûtiste dans une autre acoustique et un autre environnement. Mais où cela mènerait-il que chaque musicien plus ou moins doué fasse de ses concerts un manifeste “anti” ou “pro” modernes? Surtout, qu’y gagnerait la cause de la musique contemporaine? On peut penser, plutôt, que c’est ce genre de concert, d’un ennui et d’une tiédeur irritante, qui est pour beaucoup dans le désaffection du public pour la musique contemporaine.


Laurent Marty

 

 

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