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Un Vaisseau stylisé

Karlsruhe
Badisches Staatstheater
10/27/2013 -  et 2, 17, 29* novembre, 18 décembre 2013, 10 janvier 2014
Richard Wagner : Der fliegende Holländer

Renatus Meszar*/Tomasz Konieczny/Stefan Stoll (Der Holländer), Manuela Uhl*/Christina Niessen (Senta), Luiz Molz*/Reinhard Hagen (Daland), Zurab Zurabishvili*/Martin Homrich (Erik), Suzanne McLeod*/Rebecca Raffell/Leila Pfister (Mary), Steven Ebel*/Max Friedrich Schäffer (Der Steuermann)
Badischer Staatsopernchor, Ulrich Wagner (chef du chœur), Badische Staatskapelle, Johannes Willig*/Christoph Gedschold (direction)
Achim Thorwald (mise en scène), Helmut Stürmer (scénographie), Ute Frühling (costumes), Katrin Lorbeer (dramaturgie)


R. Meszar (© Jochen Klenk)


Etrangère à la relecture qui se propose d’adapter les œuvres à la sensibilité actuelle, comme c’est le cas quasi partout en Allemagne, où le Regietheater règne en maître, l’approche du metteur en scène Achim Thorwald – également maître des lieux – constitue une preuve que la tradition donnant la préséance à la musique et au chant s’avère celle qui traduit aussi avec le plus de force et d’évidence le message intrinsèque de l’œuvre. Cette production étrennée à Karlsruhe en 2005, reprise in loco cet automne, n’a pourtant rien d’archaïque, ni de «muséal» – pour franciser un terme utilisé avec prédilection en Allemagne par les plumes contemptrices de la fidélité à l’ouvrage exécuté. Attentif aux réactions des solistes comme à celles des personnages du chœur, Thorwald captive aussi par une scénographie sobre et épurée, signée par Helmut Stürmer, qui offre des réminiscences de l’univers pictural de Caspar David Friedrich, combinée avec un sens très personnel de la stylisation, comme cette image du bateau du Hollandais, simplement constitué de voiles à contre-jour, qui se détachent sur un fond rouge sang.


Le baryton allemand Renatus Meszar campe un Hollandais de très grande classe; il impose une silhouette impressionnante sur le plateau, la voix sonnant tout aussi autoritaire et imposante, quand elle ne fait pas preuve d’un incroyable raffinement de nuances, comme dans le très bel air «Wie aus der Ferne». Son allure hiératique et ses gestes lents communiquent, par ailleurs, une bouleversante sensation de solitude et de désespoir à son personnage d’homme maudit. Donnant de Senta une image de femme mature, la cantatrice allemande Manuela Uhl possède un soprano au volume considérable dans l’aigu, au vibrato bien maîtrisé, et fait preuve d’un engagement vocal impétueux, d’une irrépressible énergie, volontaire et mordante, dès l’entrée d’une ballade insolente jusqu’aux puissants aigus finaux.


Le ténor géorgien Zurab Zurabishvili incarne un remarquable Erik, au timbre prenant et au jeu convaincu, un exploit pour cet emploi naturellement ingrat. Le baryton brésilien Luiz Molz apporte à Daland une belle musicalité et un timbre aux couleurs chaudes, «paternelles», parfaitement accordé à celui du Hollandais, dans leur duo du premier acte. Enfin, la mezzo Suzanne McLeod, en Mary, se montre, elle, vocalement assez faible, avec une voix fatiguée, tandis que le jeune ténor américain Steven Ebel, avec une voix fraîche, sûre et magnifiquement projetée, fait forte impression en Timonier.


A la tête des superbes chœur et orchestre du Théâtre badois, le chef allemand Johannes Willig impressionne par une magistrale alliance d’autorité, de souplesse et de raffinement, ainsi que par une forte présence au plateau et une attention constante à la nuance.



Emmanuel Andrieu

 

 

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