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Trop rare Bertrand de Billy

Paris
Salle Pleyel
11/28/2013 -  et 30* novembre 2013
Camille Saint-Saëns : Symphonie en la majeur
Franz Schubert : Messe n° 6 en mi bémol majeur, D. 950

Malin Byström (soprano), Renata Pokupic (mezzo-soprano), Werner Güra, Maximilian Schmitt (ténors), Hanno Müller-Brachmann (baryton-basse)
Chœur de l’Orchestre de Paris, Lionel Sow (chef de chœur), Orchestre de Paris, Bertrand de Billy (direction)


B. de Billy (© Marco Borggreve)


Certains chefs français, comme certains pianistes, font carrière hors de l’Hexagone et s’y font même rares. La venue à Paris de Bertrand de Billy, longtemps directeur de l’Orchestre de la Radio de Vienne, hôte régulier du festival de Salzbourg, est à marquer d’une pierre blanche. Pour lui-même, mais aussi pour son programme à l’Orchestre de Paris, qui ose trancher sur la routine : Symphonie en la majeur de Saint-Saëns, Messe en mi bémol de Schubert – Carlo Maria Giulini avait dirigé la Messe, mais l’orchestre n’avait jamais donné la symphonie. Programme homogène de surcroît : le Saint-Saëns de 1850, à quinze ans, paie sa dette à la grande tradition allemande, que Schubert prolonge en digne successeur, par exemple, du Haydn de la Harmoniemesse. L’ombre de Schubert traverse d’ailleurs la Symphonie en la majeur, inédite jusqu’à son exhumation par Jean Martinon en 1971, alors que le premier mouvement se construit autour d’un thème venu tout droit du final de la Jupiter et se souvient de Léonore III, que le début du Scherzo rappelle le Menuet de la Quatre-vingt-dix-neuvième de Haydn...


Il était passionnant de comparer les extraits de l’opus de Saint-Saëns, dirigés le matin à l’intention du jeune public par Julien Masmondet, le jeune et talentueux assistant de Paavo Järvi, et l’intégrale donnée le soir par son aîné. A la tête d’un effectif plus réduit, le premier situait l’œuvre dans une ascendance très française, très attentif aux couleurs. Le second voit grand, montre à quel point Saint-Saëns chaussait avec maestria les bottes de sept lieues de ses modèles germaniques : beaucoup plus tendu, il dramatise l’Andantino, marque le Scherzo d’une certaine impatience, déploie dans le Finale une énergie très romantique, comme si le Florestan schumannien s’appropriait cet Allegro molto avant de laisser la place, pour le Presto, au Beethoven de la Septième Symphonie. Erreur de perspective ? Peut-être. Excès de poids ? Non : cela fonctionne parfaitement.


Moins connue et plus ambitieuse encore que la Messe en la bémol, qui la précède, la Messe en mi bémol de Schubert anticipe parfois les grandes fresques brucknériennes, même si le « Et incarnatus est » a tout de la scène d’opéra. Mais ce n’est pas encore du Bruckner et le chef français se garde de succomber à cette tentation. La direction reste souple et claire, jusque dans les inévitables grands passages fugués. S’il souligne les contrastes, sur lesquels la partition se fonde en grande partie, il les intègre, préservant ainsi l’unité de l’ensemble, grâce à un heureux équilibre entre la puissance et la ferveur, la pompe et le recueillement – pierre d’achoppement d’interprétations trop éclatées. Orchestre et chœur, nonobstant ici ou là un rien de dureté des voix aiguës, se montrent dans leur meilleure forme. Le chœur, à vrai dire, est le soliste de cette Messe, bien plus que le quintette – impeccable – vocal, avec ses deux ténors : grâce aussi à Lionel Sow, Bertrand de Billy a hissé au sommet cette ultime Messe de Schubert.


Le site de Bertrand de Billy



Didier van Moere

 

 

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