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Un Quatuor sur les hauteurs Paris Amphithéâtre Bastille 11/13/2013 - Benjamin Britten : Quartettino
Hans Werner Henze : Quatuor à cordes n° 5, in memoriam Benjamin Britten
Arnold Schoenberg : Quatuor à cordes n° 2, opus 10
Soile Isokoski (soprano)
Quatuor Aron: Ludwig Müller, Barna Kobori (violon), Georg Hamann (alto), Christophe Pantillon (violoncelle)
Le Quatuor Aron
Programme exigeant et passionnant, cohérent aussi : dans le domaine du quatuor, Schoenberg inspire Britten auquel Henze rend hommage, marqué lui-même ici par l’Ecole de Vienne, tous trois assumant à leur manière l’héritage beethovénien.
Mais si le Cinquième Quatuor (1976) de Henze et le Deuxième (1907) de Schoenberg sont des œuvres de maturité, le Quartettino de Britten date de 1930 : à dix-sept ans, le compositeur fait encore ses classes chez Frank Bridge. Pressent-on déjà l’auteur de Peter Grimes ? N’allons pas si loin, même si le lyrisme, la clarté rigoureuse de la polyphonie sont déjà là. De cette œuvre à la fois modeste et ambitieuse le Quatuor Aron donne une lecture très limpide, axée d’abord sur la pureté classique des lignes et de la sonorité, sans aucun excès de poids.
Il ne prend pas un autre chemin dans le Cinquième Quatuor de Henze, pour éviter le piège tendu par une œuvre qui se réclame de la « musica impura », met le cœur à nu, exprime le combat entre les ténèbres douloureuses et la promesse d’une aube nouvelle, à travers des titres très évocateurs comme « Battement de cœur » ou « Chant du matin ». Aucune surenchère expressionniste ici, les musiciens privilégient l’intériorité pour mettre, cette fois, la musique à nu et suscitent ainsi plus sûrement l’émotion.
Il en va de même pour le Deuxième Quatuor de Schoenberg, entre tonalité et atonalité, si élaboré structurellement et si atypique par ses deux derniers mouvements chantés sur des poèmes symbolistes de Stefan George – relevant néanmoins de formes traditionnelles. Les Aron adoptent une vision intimiste, avec un travail approfondi sur la polyphonie dans le Mässig initial, des questionnements mystérieux dans la rapidité du <>I>Sehr rasch, une atmosphère lunaire dans « Litanie » ; la forme se dégage ainsi d’elle-même, jamais étouffée par l’excès de l’effusion que pourrait, ici encore, susciter cette musique au lyrisme touffu. Certains rêveront, pour les vers de George, voix plus éthérée, moins charnue, que celle de Soile Isokoski, mais l’homogénéité des registres, la pertinence stylistique, la maîtrise de l’aigu, qu’elle peut plier aux plus infimes nuances, restent remarquables.
Superbes Aron, par l’homogénéité, la maîtrise de la conduite des voix, la pertinence des approches.
Didier van Moere
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