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Vive la différence !

Geneva
Victoria Hall
10/28/2013 -  
Wolfgang Amadeus Mozart: A Berenice... Sol nascente, K. 70
Ludwig van Beethoven: Concerto pour piano n° 4, opus 58
Antonín Dvorák: Symphonie n° 8, opus 88

Marysol Schalit (Soprano), Maria João Pires (Piano)
Budapesti Fesztiválzenekar, Iván Fischer (Direction)





Si l’Orchestre du Festival de Budapest a joué dans toutes les salles du monde entier, c’est la première fois depuis plus de dix ans qu’il se produit à Genève. Pour cette occasion, le Victoria Hall était pratiquement plein, la communauté suisse d’émigrés Hongrois était bien représentée au premier rang desquels on pouvait voir le Genevois Gábor Takács-Nagy, professeur à la Haute Ecole de Musique et premier chef invité de cet orchestre.


Cet ensemble se produisait dans le cadre des concerts Migros dont un des principes est de permettre à des musiciens suisses de se produire. C’est à la jeune soprano Marysol Schalit que revenait cet honneur. La jeune Bernoise est une soprano légère, une Suzanne ou Zerline plutôt qu’une Comtesse ou Donna Anna. Elle a de nombreux atouts : une technique sûre avec des aigus clairs et solides ainsi que des beaux phrasés. Mozart a été écrit cet air alors qu’il n’avait que 13 ans. Si le cadre formel de cet œuvre est un peu rigide et son contenu émotionnel un peu limité, on ne peut que s’émerveiller que soient déjà présents sa capacité à varier les tonalités et d’écrire pour la voix et on sent poindre dans cet air ce que seront des rôles plus dramatiques, de Constance à Elettra.


Cet air permet également de découvrir la disposition singulière des musiciens de cet orchestre. Les contrebasses sont alignées au fond de la scène, tandis que premiers et seconds violons sont aux extrêmes, le chef ayant directement devant lui violoncelles et altos. Les cordes produisent un son riche et dense avec une ligne de basse d’une grande netteté. Le contraste avec l’exécution du Quatrième Concerto pour piano de Beethoven que vient de donner dans la même salle l’Orchestre symphonique de Sao Paulo il y a deux semaines ne saurait être plus grand. Si Nelson Freire menait la ligne musicale face à un ensemble discret en privilégiant une conception chambriste, Maria João Pires et surtout Iván Fischer préfèrent une approche plus symphonique où l’orchestre prend une position forte voire dominante. L’introduction orchestrale de l’Allegro moderato nous permet en particulier d’apprécier la richesse des cordes et leur intervention dans l’Andante con moto a beaucoup d’autorité. Si la musicalité de la pianiste portugaise est remarquable, elle se perd cependant un peu dans la grande cadence que Beethoven a écrite pour le premier mouvement. En bis, pianiste et soprano nous donnent une merveilleuse exécution de « Widmung » de Schumann, pleine de jeunesse et de flamme, et on se réjouit de savoir que Maria João Pires sera de retour en janvier au Victoria Hall avec l’Orchestre symphonique de Londres sous la direction de Sir John Eliot Gardiner, tandis que Marysol Schalit sera sur la scène du Grand Théâtre à la fin de l’année dans le rôle d’Adèle de La Chauve-Souris.


C’est un orchestre au grand complet que l’on retrouve en seconde partie pour la Huitième Symphonie de Dvorák. La conception très personnelle d’Iván Fischer ne saurait être plus éloignée des traditions d’un Herbert von Karajan ou même d’un Václav Talich, qui privilégiaient la recherche d’une ligne mélodique ininterrompue. Fischer lui cherche avant tout à maximiser la caractérisation des différents passages de l’œuvre quitte à bousculer les tempis ou rajouter quelques effets « magyars » comme le fait de faire accompagner de la voix les musiciens dans un passage où les cordes scandent une série d’accords qui évoque un éclat de rire. Une telle conception pourrait être un peu artificielle si elle n’était pas défendue par un niveau instrumental aussi élevé. A nouveau, la disposition des instruments fait merveille. Les parties centrales qui souvent chez Dvorák soutiennent la musique par des contrechants rythmiques s’équilibrent avec violons et contrebasses. Les bois sont pleins de poésie, la flûtiste solo possédant un son plein de rondeur. En dépit des rubatos demandés par le chef, la mise en place est impeccable, du grand art. Très applaudis, les musiciens donnent en bis la Valse extraite de la musique pour le film Le visage d’un autre de Toru Takemitsu suivie par une Danse hongroise de Brahms, deux bis pleins d’élégance et de panache.


La barre a été placée bien haut avec ce premier concert du 100% musical de la Migros. Il reviendra à Sir John Eliot Gardiner et son Orchestre révolutionnaire et romantique de prendre la relève dans une saison qui accueillera à Genève des locaux comme la Camerata Bern ou l’Orchestre de chambre de Bâle ainsi que des ensembles étrangers comme l’Orchestre de la BBC sous la direction de Sakari Oramo, celui de Montréal sous la direction de Kent Nagano et enfin celui du Mariinsky sous la direction de Valery Gergiev.


Le site de Marysol Schalit
Le site de l’orchestre de Festival de Budapest



Antoine Leboyer

 

 

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