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Y a-t-il un metteur en scène dans la salle ?

Liège
Opéra royal de Wallonie
10/25/2013 -  et 27*, 29, 31 octobre, 2 (Liège), 10 (Charleroi) novembre 2013
Wolfgang Amadeus Mozart: Die Entführung aus dem Serail, K. 384
Maria Grazia Schiavo (Konstanze), Wesley Rogers (Belmonte), Franz Hawlata (Osmin), Elizabeth Bailey (Blondchen), Jeff Martin (Pedrillo), Markus Merz (Bassa Selim)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Marcel Seminara (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Christophe Rousset (direction)
Alfredo Arias (mise en scène), Roberto Platé (décors), Jacques Rouveyrollis (lumières), Adeline André (costumes)


(© J. Croisier)


Douze ans après sa précédente production, l’Opéra royal de Wallonie confie son nouvel Enlèvement au sérail (1782) à Alfredo Arias, qui collabore pour la première fois avec l’institution liégeoise. Le metteur en scène argentin supprime la dimension orientale du singspiel mais ne la remplace par rien d’autre. L’action se déroule dans un décor unique, sorte de palais renversé et déstructuré. Les trois bassins, remplis d’une mince flaque d’eau, s’opposent chacun à une fenêtre placée au plafond mais cet élément ne remplit quasiment aucune fonction – tout au plus un chanteur remue-t-il gentiment la surface de l’eau dans l’un d’eux. Un cadre, qui occupe le fond de la scène, ouvre sur un immuable ciel à la Magritte. Il y a de l’idée dans tout cela mais le dispositif paraît figé, peu commode, inexploité et même pas éclairé avec un tant soit peu d’imagination. Un rideau de tulle apparaît tellement souvent que sa présence finit par gêner puis par agacer et lorsqu’un duo se tient devant le rideau de scène qui se relève ensuite sur un plateau quasiment inchangé, la perplexité succède à la consternation : à quoi bon ? Les costumes, d’une extrêmement simplicité, paraissent ternes voire tristes – pauvres choristes qui se produisent ainsi tout de noir vêtus. A cette conception d’une grande pauvreté s’ajoute une direction d’acteur académique, ce qui empêche de caractériser les personnages et d’apporter un peu d’humour, alors qu’un tel ouvrage offre suffisamment de matière pour réaliser des merveilles. Même s’il n’évolue pas sur le même terrain d’expérimentation que la Monnaie et que le Vlaamse Opera, plus aventureux, l’Opéra royal de Wallonie nous a déjà habitués à mieux.


Les chanteurs dispensent des bonheurs divers, Mozart nécessitant des phrasés mieux profilés, des nuances plus subtiles, un style plus distingué. Maria Grazia Schiavo ne se prend pas les pieds dans le tapis : sa Konstanze, bien travaillée et aux aigus assurés, retient l’attention grâce à son aplomb vocal. Wesley Rogers incarne quant à lui un Belmonte pâlot et superficiel, mais sa voix lumineuse s’épanouirait davantage dans un autre contexte. Elizabeth Bailey campe une convaincante Blondchen, piquante, fraiche et gouailleuse : en plus de moyens non négligeables, la soprano témoigne d’un véritable don de comédienne et apporte un peu de piment au spectacle. Jeff Martin exploite la fibre comique de Pedrillo mais le chant ne présente rien d’exceptionnel. Franz Hawlata, qui maîtrise plutôt bien son Osmin, mordant et relevé, parvient à provoquer l’un ou l’autre sourire grâce à son sens du burlesque. Alfredo Arias ne semble accorder quasiment aucune importance à Selim, rôle muet confié à Markus Merz qui attire enfin l’attention sur lui lorsqu’il s’époumone comme ces généraux nazis caricaturés dans les films comiques. La fosse laisse quant à elle une impression mitigée : les cordes ne possèdent pas entièrement la grâce, la souplesse et la luminosité attendues, les cuivres crient plus qu’ils ne s’expriment et les bois pourraient gagner en finesse mais, grâce à Christophe Rousset, la musique reste sur les rails et progresse à bonne allure.


Après un Attila esquissé et cet Enlèvement au sérail inabouti, l’Opéra royal de Wallonie doit rectifier le tire pour Roméo et Juliette, à l’affiche du 17 au 26 novembre.



Sébastien Foucart

 

 

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