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Lakmé juvénile

Lausanne
Opéra
10/04/2013 -  et 6, 9*, 11, 13 octobre 2013
Léo Delibes : Lakmé
Julia Bauer (Lakmé), Daniel Golossov (Nilakantha), Christophe Berry (Gérard), Elodie Méchain (Mallika), Jonathan Spicher (Hadji), Boris Grappe (Frédéric), Céline Mellon (Ellen), Hanna Schaer (Ms. Bentson), Céline Soudain (Rose), Wein Nan (Un marchand chinois), Philippe Renaud-Danthe (Un domben), Sacha Michon (Un kourouvar)
Chœur de l'Opéra de Lausanne, Véronique Carrot (chef de choeur), Orchestre de Chambre de Lausanne, Miquel Ortega (direction musicale)
Lilo Baur (mise en scène), Katia Flouest (assistante à la mise en scène), Caroline Ginet (décors), Hanna Sjödin (costumes), Gilles Gentner (lumières), Olia Lydaki (chorégraphie)


(© Marc Vanappelghem)


Lakmé de Léo Delibes ne se réduit pas à l’air des clochettes et au duo des fleurs, rendus célèbres par la publicité. Mais l’ouvrage n’est plus aujourd’hui ce qu’on pourrait appeler un « tube » du répertoire – alors que de sa création en 1883 jusqu’en 1960, il a totalisé 1500 représentations à Paris –, et il faut savoir gré à l’Opéra de Lausanne de l’avoir programmé pour l’ouverture de saison 2013-2014, dans une coproduction avec l’Opéra Comique. On découvre ainsi une partition délicieuse, au charme certes légèrement suranné, mais néanmoins subtile et délicate, sensuelle et envoûtante, à laquelle le chef Miquel Ortega et l’Orchestre de Chambre de Lausanne rendent pleinement justice, traduisant à merveille en musique les couleurs chatoyantes et la poésie de l’ouvrage.


La Suissesse Lilo Baur – qui a travaillé avec Peter Brook – situe l’action dans une Inde stylisée, aux couleurs chaudes et enivrantes (magnifiques éclairages de Gilles Gentner et superbes costumes d’Hann Sjödin) et où les clivages entre la population locale et les colons anglais sont particulièrement marqués. On admire au deuxième acte un empilement de casseroles et d’ustensiles de cuisine figurant un temple et au troisième un entrelacs de cordes et de nœuds représentant un arbre immense pour protéger les amants. Malheureusement, la metteur en scène ne réussit pas totalement à éviter les stéréotypes et le statisme, avec des gestes plutôt convenus et une direction d’acteurs un peu molle, les interprètes ayant quelque fois l’air embarrassé. Il convient néanmoins de saluer la magnifique trouvaille du début du deuxième acte, où le marché et la grande agitation qui règne en ville sont montrés au ralenti pendant plusieurs minutes, un effet saisissant.


La jeune soprano allemande Julia Baur incarne une Lakmé simple et fragile, encore enfant, d’une absolue fraîcheur avec sa belle voix transparente qui se joue des vocalises les plus périlleuses dans le célèbre air des clochettes. Bien plus qu’un simple rossignol alignant des notes, elle donne chair et substance à chacune de ses phrases. Non-francophone, elle peut néanmoins se targuer d’une très bonne diction. Comme souvent à Lausanne, le reste de la distribution est d’un excellent niveau, sans parler de la formidable prestation du chœur. On citera le Nilakantha à la noble prestance et aux accents timbrés de Daniel Golossov, le Frédéric à la superbe ligne de chant de Boris Grappe, le Gérald un peu raide mais à la belle voix saine de Christophe Berry et la Mallika au timbre joliment corsé d’Elodie Méchain. Une bien belle manière de (re)découvrir Lakmé et sa veine mélodique particulièrement féconde.



Claudio Poloni

 

 

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