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Arc transalpin

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
09/26/2013 -  
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Roméo et Juliette
Serge Rachmaninov : Rhapsodie sur un thème de Paganini, opus 43
Ottorino Respighi : Fontane di Roma – Pini di Roma

Khatia Buniatishvili (piano)
Orchestre national de France, Daniele Gatti (direction)


K. Buniatishvili (© Esther Haase/Sony Classical Int.)


Ce deuxième concert de la saison pour l’Orchestre national de France poursuivait l’hommage de l’orchestre à l’Italie, après un concert de rentrée largement dédié la semaine précédente à Giuseppe Verdi.


Ce soir, Daniele Gatti avait, pour l’occasion, choisi de débuter par la très belle ouverture-fantaisie Roméo et Juliette (1869/1880) que le National a déjà eu l’occasion de donner sous la direction de Kurt Masur, son précédent directeur musical, en novembre 2005 et en avril 2010. Même si l’œuvre a essuyé de vives critiques à ses débuts, en particulier de la part du célèbre critique Eduard Hanslick («N’importe quel adagio de Mozart ou de Beethoven saurait mieux illustrer la tragédie amoureuse de Shakespeare» écrivait-il en 1876), elle fait partie des triomphes de Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893), qui tenait d’ailleurs tellement à cette œuvre qu’après l’avoir achevée en novembre 1869, il la révisa à deux reprises (en 1870 puis en 1880). Daniele Gatti et le National nous offrent là une véritable démonstration tant musicale que technique. Les cordes sont suaves sans être sirupeuses, les envolées sont lyriques sans être mièvres, les passages plus puissants sont plein d’une folle énergie: difficile de ne pas être conquis par ce discours qui avance sans cesse, Gatti distillant là une force dramatique – les accords des pupitres de violoncelles ou de contrebasses, le coup de timbales vers la fin de l’œuvre! – qui augure très bien de l’intégrale des Symphonies du compositeur russe qu’il donnera avec l’orchestre au cours de la saison.


L’hommage à l’Italie se poursuivait ensuite avec la Rhapsodie sur un thème de Paganini (1934) de Serge Rachmaninov (1873-1943), série de vingt-quatre variations sur le thème du Vingt-quatrième des Caprices du célèbre violoniste virtuose Niccolò Paganini. Proche par certaines sonorités du Troisième Concerto (1909), cette série de variations alterne technique pure et méditation rêveuse, qui culmine dans la célèbre Dix-huitième, à l’Andante cantabile si évocateur... Si Paganini avait pu être qualifié en son temps de «véritable sorcier» (Louis Spohr), c’est bien une jeune diablesse (née en 1987) qui arrive sur scène, moulée dans une robe fourreau rouge toute pailletée, comme ses hautes chaussures à talons, et qui réalise un vrai tour de force, ses mains épuisant le clavier à un rythme au-delà presque de l’imaginable. La douceur n’est pas absente pour autant (le piano s’effaçant alors devant le basson dans la Septième variation), l’orchestre sachant de son côté faire preuve d’humour à l’occasion (Première variation) ou sonner de manière extrêmement lyrique (Onzième variation). Khatia Buniatishvili se joue de chaque difficulté avec une facilité désarmante, les moments de pause (la Douzième variation où la pianiste géorgienne dialogue magnifiquement avec les bois) n’étant pour elle que des opportunités pour emmagasiner davantage d’énergie pour se lancer ensuite dans quelque nouveau trait virtuose. Comme elle l’avait déjà fait lors d’un récent concert donné en juin dernier avec l’Orchestre de Paris, la jeune soliste gratifie le public, au milieu des ovations, de deux bis, le Precipitato final de la Septième Sonate (1942) de Serge Prokofiev et le début du Menuet (en sol mineur) de la Première du second recueil de Suites (1733) de Haendel.


La seconde partie du concert était consacrée à deux poèmes symphoniques d’Ottorino Respighi (1879-1936), Les Fontaines de Rome (1916) et Les Pins de Rome (1923). Même si ce sont là des œuvres qui permettent aux orchestres de briller de mille feux, on les voit assez peu à l’affiche, l’Orchestre national de France n’ayant d’ailleurs pas donné Les Pins de Rome depuis plus de onze ans, alors sous le direction de Riccardo Muti. Dirigé avec soin et une précision diabolique par Daniele Gatti, le National est incontestablement ce soir dans un grand jour. Les solistes (clarinette, bassons mais aussi cuivres) parsèment les grandes phrases de leurs couleurs spécifiques, décrivant ainsi avec une grande justesse l’atmosphère souhaitée par chaque pièce – dans Les Fontaines de Rome, par exemple, la première partie «La fontana di Valle Giulia all’alba» joue sur l’éclosion des sons propres au jour qui se lève, «La fontana di Trevi al meriggio» étant en contrepartie plus brillante, la scène étant censée se passer à midi.


Dans Les Pins de Rome, le National est de nouveau parfaitement en phase avec les intentions de Gatti qui dirige l’ensemble avec une maestria que l’on aimerait voir plus souvent; tout au plus regrettera-t-on un certain manque d’emphase à la fin de la dernière partie («I pini della Via Appia»), Gatti craignant peut-être que les cuivres ne saturent trop le Théâtre des Champs-Elysées dont l’acoustique sèche aurait effectivement pu rendre une telle interprétation quelque peu périlleuse. Un dernier regret néanmoins: que le chef et l’orchestre n’aient pas également programmé le troisième volet, Fêtes romaines (1928), qui aurait ainsi parfaitement conclu un concert qui, en tout état de cause, fut de très haute volée.


Le site Khatia Buniatishvili


Ecouter le concert sur le site de France Musique



Sébastien Gauthier

 

 

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