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Au-delà des modes

Toulouse
Cloître des Jacobins
09/11/2013 -  
Ludwig van Beethoven : Sonates n° 22 en fa majeur, opus 54, et n° 21 en ut majeur, opus 53 «Waldstein»
Franz Liszt : Paraphrase sur «Rigoletto» – Paraphrase sur le Miserere du «Trouvère»
Richard Wagner : Tannhäuser: «Romance à l’étoile» & «Entrée des hôtes à la Wartburg» – Lohengrin: «Rêve d’Elsa» – Tristan und Isolde: «Mort d’Isolde» (arrangements Liszt)

Llŷr Williams (piano)


L. Williams (© John Ferro Sims)


A l’instar de Nino Gvetadze entendue la veille, Llŷr Williams revient pour la seconde fois à «Piano aux Jacobins». Avec ce pianiste gallois peu médiatique, et presque inconnu en France, le festival toulousain confirme sa vocation à élargir l’horizon des mélomanes hexagonaux – et son remarquable flair. Avec un programme exigeant, Llŷr Williams démontre une maîtrise technique impeccable, sans esbroufe. Il faut admettre qu’avec sa mise so british un peu désuète, et son jeu sobre, efficace, sans concession aux modes récentes, l’artiste ne quémande point son auditoire.


Et pourtant, dès son Beethoven, l’oreille et l’esprit se trouvent comblés. Concise, la Vingt-deuxième Sonate n’en réclame pas moins l’attention. S’ouvrant sur un menuet à l’apparence innocente, elle sonne comme une miniature d’une interprétation sans reproche, admirablement calibrée, tout autant que la science rythmique de l’Allegretto qui s’ensuit. Plutôt qu’un contraste, la Waldstein révèle une continuité stylistique, dans un format agrandi. Le vaste Allegro con brio laisse d’épanouir des couleurs nourries, équilibrées, et une mesure expressive bienvenue dans un répertoire où le piano sert parfois de caisse de résonance aux humeurs. Quant au Rondo, précédée d’une Introduzione pudiquement interrogative, il éblouit par sa fluidité, et un toucher particulièrement resserré.


Les transcriptions des grands airs du répertoire romantique réalisées par Liszt sont souvent une tribune à effets. Mais ce n’est nullement le cas ici où tout ne semble que fidèle restitution du piano symphonique telle que le concevait le compositeur hongrois. Et bicentenaires obligent, ce sont Verdi et Wagner qui sont appelés à témoigner. Dans la Paraphrase sur «Rigoletto», les voix du quatuor se cherchent et se rencontrent comme si la scène se recréait sous nos oreilles tandis que le Miserere du «Trouvère» est psalmodié avec un admirable sens de la construction. Llŷr Williams n’a pas besoin d’accuser les atmosphères pour rendre palpable l’intensification dramatique à l’œuvre dans la partition.


Grand défenseur – et mécène – de Wagner, Liszt fait revivre avec les seules touches noires et blanches l’univers théâtral et orchestral des grandes œuvres de son gendre. La «Romance à l’étoile» frémit d’un lumineux crépuscule mélancolique quand l «Entrée à la Wartburg» résonne avec l’ampleur de l’original, presque sans effort sous les doigts du Gallois. Le «Rêve d’Elsa» palpite de poésie avant une «Mort d’Isolde» balancée avec une justesse rhétorique confondante, à mille lieux de toute emphase déplacée, qu’il évite par ailleurs dans la Quatrième Etude de Scriabine avec laquelle il remercie un public hélas pas assez nombreux. Mais comme le rappelle l’adage, les absents ont toujours tort.


Le site de Llŷr Williams



Gilles Charlassier

 

 

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